Le Pérou reconnaît cinq peuples autochtones isolés qui seront protégés
Les représentants des peuples autochtones d'Amazonie ont salué mercredi la reconnaissance par le Pérou de cinq peuples isolés, ou en contact initial avec le monde extérieur, qui entraînera la création d'une réserve où ils seront protégés.
"Nous nous félicitons de cette (reconnaissance) mais cela ne suffit pas si le respect et les droits des peuples autochtones en isolement volontaire ne sont pas appliqués", a déclaré à l'AFP le Vénézuélien Gregorio Mirabal, leader de l'Organisme de coordination des organisations autochtones du bassin de l'Amazone (Coica).
Le gouvernement péruvien a reconnu l'existence et les droits des peuples Aewa, Taushiro, Tagaeri, Taromenane et Zaparo, qui vivent ou transitent entre la rivière Napo et ses affluents Arabela et Curaray, dans la jungle du nord du Pérou, à la frontière avec l'Equateur, selon un décret publié ce week-end dans le journal officiel.
Le président de l'Association interethnique pour le développement de la jungle péruvienne (Aidesep), Julio Cusurichi, s'est félicité de cette décision "extrêmement importante" prise "après de nombreuses années" de demandes de reconnaissance.
"Il y a environ 14 peuples autochtones amazoniens qui vivent isolés dans les régions de Loreto, Ucayali, Madre de Dios, et il y a même des populations qui traversent les frontières du Brésil et de l'Equateur", a ajouté le leader autochtone péruvien originaire de la région de Madre de Dios (sud-est).
"Il n'existe pas de chiffre exact du nombre de personnes" qui composent ces peuples, a-t-il précisé.
La reconnaissance de ces cinq peuples autochtones isolés est la première étape vers la création d'une réserve située dans les provinces de Loreto et Maynas, dans le département du Loreto, au Nord du Pérou.
Au Pérou, il existe 10 réserves indigènes, dont cinq seulement ont été reconnues par les autorités.
Selon le ministère péruvien de la Culture, la réserve indigène qui sera créée garantira la protection des droits, de l'habitat et des conditions qui assurent l'existence et l'intégrité de ces peuples isolés.
"En Amazonie, il y a environ 511 peuples autochtones avec 500 langues différentes, tandis que 200 peuples isolés vivent aux frontières des neuf pays amazoniens", a rappelé le leader de la Coica.
Mardi lors de ce 5e sommet des Peuples indigènes, les dirigeants indigènes des peuples d'Amazonie ont alerté que 26% de l'écosystème du poumon vert de la planète est irréversiblement détruit à cause de la déforestation, du narcotrafic et de la contamination des eaux, évoquant "un point de non-retour".
Ils ont également dénoncé l'assassinat des plus de 280 défenseurs et dirigeants amazoniens dans les neuf pays que couvre cette immense forêt tropicale.
(G.Gruner--BBZ)