Repsol accélère sa transformation en cédant 25% de sa branche exploration
Le groupe pétrolier espagnol Repsol a accéléré mercredi sa transition vers un modèle "multi-énergétique" en cédant 25% de sa branche exploration-production d'hydrocarbures pour 4,8 milliards de dollars afin de financer des investissements dans le secteur des renouvelables.
Au terme de plusieurs semaines de négociations, un accord a été trouvé avec le fonds d'investissement américain EIG pour une "prise de participation de 25%" dans "la branche d'exploration et production (Upstream)" de Repsol, a annoncé le groupe dans un communiqué.
En tant qu'actionnaire majoritaire, Repsol conservera le contrôle de cette branche d'activité, qui exploite des gisements en Amérique du Sud (Brésil, Pérou, Venezuela...) ou en Afrique du Nord (Algérie, Libye) et devrait produire 570.000 barils équivalent pétrole par jour cette année.
L'accord, qui valorise la branche amont à 19 milliards de dollars, prévoit en outre une possible introduction en Bourse de ces activités "à partir de 2026 si les conditions de marché sont favorables", a priori aux Etats-Unis, précise le groupe, poids lourd européen des hydrocarbures.
Grâce à ce nouvel accord, "Repsol atteindra plus tôt que prévu les objectifs clés de sa stratégie 2025, basée sur l'accélération de la transition énergétique" du groupe, assure dans son communiqué le géant espagnol, qui ambitionne de devenir une entreprise "multi-énergétique".
Ce plan, présenté fin 2020, prévoit notamment 18,3 milliards d'euros d'investissements d'ici 2025. L'objectif est de permettre au groupe de se tourner progressivement vers les énergies renouvelables ou l'"hydrogène vert" (produit à l'aide de sources d'énergies renouvelables), en vue d'atteindre "zéro émission nette" de CO2 "en 2050".
Cette date de 2050 a été retenue par l'Union européenne, mais aussi par plusieurs autres pays comme le Japon et par de nombreuses entreprises pour atteindre la neutralité carbone.
- Investissements dans les renouvelables -
Cette opération est la seconde de grande ampleur en moins de trois mois pour Repsol, qui avait annoncé mi-juin la vente de 25% de sa branche dédiée aux énergies renouvelables à Crédit Agricole Assurances et au fonds suisse Energy Infrastructure Partners (EIP) pour 905 millions d'euros.
Cette opération, destinée là aussi à accroître les capacités d'investissement du groupe pétrolier dans le secteur des énergies dites "bas carbone", devrait être finalisée au quatrième trimestre, selon le groupe espagnol.
L'argent récupéré dans le cadre de cette stratégie va permettre à Repsol de "financer" des "projets importants" que le groupe "a pour les années à venir", en lien "avec la décarbonation" de l'économie, a souligné dans une vidéo le directeur général de Repsol, Josu Jon Imaz.
Selon M. Imaz, le groupe espagnol ne va pas sortir pour autant du secteur du pétrole et du gaz, ces énergies étant "nécessaires" pour une transition énergétique "ordonnée". Mais "il faut que nous réduisions l'impact carbone de nos produits", a-t-il insisté.
Repsol a multiplié ces derniers mois les annonces de projets dans le secteur des renouvelables, notamment dans le solaire et l'éolien, où sa capacité de production s'élevait fin 2021 à 3,8 gigawatts. Son objectif est d'atteindre au total 15 GW en 2030.
A la Bourse de Madrid, le titre Repsol était stable à 11h00 GMT, dans un marché en baisse de 0,15%. Dans une note, la banque d'investissement RBCCM a jugé "positif" l'accord avec EIG, car de nature "à "soutenir la stratégie à long terme" de Repsol vis-à-vis des renouvelables.
La plupart des groupes pétroliers, à l'image du français TotalEnergies, du britannique BP ou de l'anglo-néerlandais Shell, ont engagé ces dernières années, à des degrés divers, une diversification de leurs activités dans le secteur des énergies renouvelables.
Cette transition est néanmoins jugée trop lente par les ONG et par les scientifiques, qui appellent depuis des années à réduire drastiquement l'usage des énergies fossiles pour lutter contre le réchauffement climatique.
(F.Schuster--BBZ)