Elue Première ministre britannique, Liz Truss promet une action "audacieuse" face à la crise
La très libérale Liz Truss a remporté lundi la course pour devenir Première ministre britannique et succéder à Boris Johnson, promettant aussitôt d'agir de manière "audacieuse" face à la crise historique du pouvoir d'achat qui frappe le Royaume-Uni.
Âgée de 47 ans, Liz Truss, qui a mené une campagne très à droite axée sur les baisses d'impôt, deviendra mardi la troisième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher et Theresa May.
La ministre des Affaires étrangères s'est imposée avec 57% des voix -une avance plus faible que prévu, face à son ancien collègue des Finances Rishi Sunak (43%)-, à l'issue d'un vote interne au parti conservateur, déclenché par la démission début juillet de Boris Johnson, acculé par les scandales à répétition.
Elue cheffe du parti, Liz Truss va automatiquement accéder au pouvoir en raison de la majorité dont bénéficient les "tories" à la chambre des Communes.
Restée fidèle jusqu'au bout à Boris Johnson, qu'elle a fait applaudir dans son discours de victoire, elle va entrer à Downing Street dans un contexte économique et social explosif, marqué par une inflation qui dépasse les 10%, une hausse exorbitante des factures d'énergie prévue à l'automne et des grèves qui s'étendent.
Elle ne dispose d'aucun répit pour convaincre, à deux ans d'élections où l'opposition travailliste, qui dispose d'une nette avance dans les sondages, espère déloger les conservateurs au pouvoir depuis 2010.
- Appel à l'unité -
Après l'annonce de sa victoire, Liz Truss a promis "un plan audacieux pour réduire les impôts et faire croître notre économie". Alors que selon la presse elle se prépare à annoncer un gel des factures de l'énergie, elle a affirmé vouloir régler les difficultés immédiates liées aux prix mais aussi les problèmes d'approvisionnements "à long terme".
Liz Truss devra aussi composer avec l'ombre de Boris Johnson, qui manque déjà à certains membres du parti conservateur - plus masculins, âgés et blancs que la moyenne des Britanniques - et n'a pas exclu un retour en politique.
Le dirigeant sortant a appelé le parti à l'unité, après une campagne qui a mis au jour divisions et rancœurs chez les conservateurs. Lui emboîtant le pas, Rishi Sunak a souligné que les conservateurs constituaient "une famille".
- Grogne sociale -
Le gouvernement irlandais a réservé un accueil prudent à la victoire de Liz Truss, tandis que la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon l'a félicitée, l'appelant toutefois sur Twitter à "geler les factures d'énergie (...) à distribuer davantage d'aides et à augmenter les financements aux services publics".
En Europe, Emmanuel Macron s'est dit "à disposition pour pouvoir travailler entre alliés et amis" avec Liz Truss, qui en campagne avait refusé de trancher si le président français était "ami ou ennemi".
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a averti espérer "le respect intégral (des) accords" entre le Royaume-Uni et l'UE, alors que la volonté de Londres de revenir sur le statut pro-Brexit de l'Irlande du Nord annonce des confrontations difficiles.
Avec la crise économique, ce dossier s'annonce comme l'un des sujets épineux qui attendent la nouvelle dirigeante, avec la guerre en Ukraine, les velléités d'indépendance de l'Ecosse ou les arrivées illégales de migrants par la Manche sans cesse plus nombreuses.
Boris Johnson ira dès mardi remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres.
Liz Truss suivra pour devenir 15e cheffe de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street.
Elle pourra alors former son gouvernement, qui s'annonce, vu les noms qui circulent, marqué très à droite, à l'image de la campagne menée par Liz Truss. Cette dernière, tardivement convertie au conservatisme comme au Brexit, a séduit en promettant des baisses d'impôt massives et adoptant un ton très dur contre les syndicats. Mais elle ne s'est résolue que tardivement à promettre des aides aux ménages, sans jamais en détailler la nature.
Pourtant préféré des députés conservateurs, Rishi Sunak, richissime ex-banquier, a peiné à séduire la base du parti en prônant un réalisme économique et a été perçu comme incapable de comprendre les difficultés des ménages.
A Swaffham, dans la circonscription de Liz Truss, dans l'Est de l'Angleterre, Susan Allen, 67 ans, lui fait confiance: "Elle fera un bon travail", assure-t-elle à l'AFP, tout en reconnaissant que "tout est difficile en ce moment". Martin Childs, attablé dans un pub, est plus circonspect: "Sa politique semble avancer en zigzag, on ne sait pas clairement ce qu'elle va faire".
Si elle est populaire auprès des conservateurs, moins d'un cinquième des Britanniques (19%) lui font confiance pour agir face à la crise du coût de la vie, selon un sondage YouGov publié lundi.
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(Y.Yildiz--BBZ)