L'Opep+ se réunit sur fond de craintes de récession
Face aux craintes de récession, les pays de l'Opep+ qui se réunissent lundi devraient se contenter d'une modeste hausse de leurs objectifs de production, certains experts évoquant même une réduction pour soutenir les cours.
Les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par l'Arabie saoudite, et leurs dix partenaires conduits par la Russie se retrouvent pour ajuster les quotas du mois d'octobre.
Prévue par vidéoconférence, la rencontre doit débuter à 11H00 GMT (13H00 à Vienne, siège du cartel).
Loin de leurs sommets à des niveaux proches de 140 dollars le baril, les cours de Brent de la mer du Nord comme du WTI américain, ont accusé en août leur troisième recul mensuel consécutif, sur fond de perspectives économiques mondiales toujours plus sombres.
De quoi nourrir les spéculations: "Il n'est pas entièrement sûr que l'Opep convienne d'une nouvelle hausse des quotas de 100.000 barils par jour", comme en septembre, explique à l'AFP Caroline Bain, de Capital Economics.
"A la lumière de la récente baisse des prix du pétrole (...), nous n'excluons pas une production inchangée, voire une réduction", poursuit-elle.
Vers 09H15 GMT (11H15 à Vienne), les deux références mondiales du brut prenaient près de 3%, à 95,62 dollars le baril de Brent et 89,20 dollars celui de WTI, soutenues par l'envolée des prix du gaz mais aussi par ces rumeurs de coupes par l'Opep+.
- Les yeux sur l'Iran -
Le ministre saoudien de l'Energie, Abdelaziz ben Salmane, a semblé ouvrir la porte, il y a une dizaine de jours, à cette hypothèse, qui a depuis reçu le soutien de plusieurs pays membres et du Comité technique conjoint de l'alliance. Il a évoqué un marché "tombé dans un cercle vicieux de faible liquidité et de volatilité extrême".
Au fil de ses rendez-vous mensuels, l'Opep+ résiste aux appels des Occidentaux pour ouvrir plus largement ses vannes afin de contenir l'envolée des cours.
"Le groupe veut clairement maintenir les prix élevés" qui lui fournissent de lucratives recettes, estime Craig Erlam, analyste chez Oanda.
En outre, "il peut craindre que le retour du brut iranien sur le marché fasse pencher la balance du marché en faveur de l'offre et fasse donc baisser les prix", ajoute-t-il.
Pour Matthew Holland, d'Energy Aspects, la question d'un déclin de la production du groupe, qui serait la première depuis les coupes drastiques opérées pour faire face à l'effondrement de la demande lors de l'éclosion de la pandémie de Covid-19, se posera plutôt lors de la réunion suivante, en octobre.
Tout dépendra de l'avancée ou non des négociations sur le nucléaire iranien.
- Message à l'Occident -
Les espoirs d'un accord, qui s'accompagnerait d'un allègement des sanctions américaines, notamment sur le pétrole, ont été récemment ravivés.
Avant une nouvelle douche froide dans ces interminables pourparlers: les Etats-Unis ont estimé jeudi que la réponse de Téhéran au texte soumis par l'Union européenne n'était "malheureusement (...) pas constructive".
Amena Bakr, du cabinet Energy Intelligence, appelle cependant à ne pas surinterpréter les propos du ministre saoudien de l'Energie, qui n'a fait que "souligner que la volatilité est mauvaise pour le marché".
Pour l'experte, il s'agit là d'un message "à tous les gouvernements occidentaux qui sont intervenus sur le marché" depuis le début de la guerre en Ukraine, explique-t-elle.
Dernière annonce en date, les sept pays les plus industrialisés ont décidé vendredi de plafonner "urgemment" le prix du pétrole russe, afin de limiter les ressources que Moscou tire de la vente d'hydrocarbures.
Mais la Russie a prévenu qu'elle ne vendrait plus de pétrole aux pays adoptant ce mécanisme inédit.
L'offre sur le marché pourrait alors être réduite, ce qui pourrait contribuer à une nouvelle flambée des cours qui, malgré le repli récent, demeurent élevés historiquement et extrêmement volatils.
(F.Schuster--BBZ)