Ukraine: après les céréales, Erdogan propose sa médiation sur la centrale de Zaporijjia
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a proposé samedi à son homologue russe Vladimir Poutine la médiation de la Turquie pour aider à résoudre la crise autour de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, occupée par les troupes russes.
Lors d'un entretien téléphonique entre les deux hommes, "le président Erdogan a déclaré que la Turquie peut jouer un rôle de facilitation sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, comme elle l'a fait pour l'accord sur les céréales" en juillet, a indiqué la présidence turque dans un communiqué.
Le Kremlin a confirmé une discussion entre MM. Poutine et Erdogan, indiquant que les deux dirigeants avaient confirmé "leur intention d'accroître leurs liens économiques et commerciaux", via notamment "des projets stratégiques communs dans le domaine de l'énergie".
Le communiqué de la présidence turque ne précise pas si Ankara a également proposé formellement sa médiation à l'Ukraine.
La Turquie entretient de bonnes relations tant avec Moscou que Kiev. Si Ankara a fourni à l'Ukraine des drones militaires, elle a refusé de se joindre aux sanctions occidentales décrétées contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine.
En juillet, un accord entre la Russie et l'Ukraine obtenu à la suite d'une médiation turque avait permis la reprise des exportations de blé ukrainiennes entravées par le blocus maritime imposé par Moscou à Kiev en mer Noire.
La situation de la centrale de Zaporijjia (sud), la plus grande d'Europe, tombée aux mains des troupes russes en mars, peu après le lancement par Moscou de son invasion de l'Ukraine, inquiète de nombreux dirigeants internationaux.
Les deux belligérants s'accusent mutuellement d'avoir mené les bombardements qui ont visé sont site, et de risquer de déclencher une catastrophe nucléaire.
Dans son point quotidien sur les opérations en Ukraine, le ministère russe de la Défense a affirmé samedi que les troupes de Moscou avaient "repoussé" la veille une tentative d'assaut amphibie des forces ukrainiennes qui ont selon lui "encore une fois essayé de s'emparer" de la centrale.
Vendredi, Kiev avait indiqué avoir frappé une base russe à Energodar, ville voisine de la centrale, d'où elle accuse la Russie d'avoir retiré ses armements avant son inspection jeudi par une équipe de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
- "Pas de nouveau Tchernobyl" -
Lors d'une rencontre à Lviv (ouest de l'Ukraine) avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, M. Erdogan s'était inquiété le 19 août d'une possible catastrophe nucléaire en cas de dégât dans ces installations. "Nous ne voulons pas d'un nouveau Tchernobyl", avait-il déclaré, en référence à l'accident nucléaire de 1986 en Ukraine.
Jeudi, après avoir inspecté Zaporijjia avec une équipe de son organisation, le directeur de l'AIEA, Rafael Grossi, avait dit avoir constaté que "l'intégrité physique" de la centrale avait été "violée à plusieurs reprises". C'est "quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire", avait-il ajouté, sans nommer la partie responsable.
Sur le dossier, également épineux, du gaz, Après l'annonce vendredi soir par le groupe russe Gazprom de la prolongation de la suspension de ses exportations à destination de l'Europe via le gazoduc Nord Stream, l'Union européenne a affirmé samedi être prête à résister à une coupure totale du gaz russe.
"Nous sommes bien préparés à résister à l'utilisation extrême de l'arme du gaz par la Russie", a déclaré le commissaire européen à l'Economie Paolo Gentiloni.
"Nous n'avons pas peur des décisions de Poutine, nous demandons aux Russes de respecter les contrats, mais s'ils ne le font pas, nous sommes prêts à réagir", a-t-il souligné.
Selon Gazprom, Nord Stream, qui relie la Russie au nord de l'Allemagne et devait reprendre du service ce samedi après une interruption de trois jours pour des opérations de maintenance, doit finalement être "complètement" arrêté jusqu'à la réparation d'une turbine. Le groupe russe n'a pas précisé de date pour la reprise de ses livraisons par ce canal.
L'annonce de Gazprom est tombée après la décision annoncée vendredi par les pays du G7 de viser la manne énergétique de la Russie en convenant de plafonner le prix de son pétrole.
Vendredi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait estimé qu'"il serait temps" de mettre en place un plafonnement du prix du gaz importé par gazoduc depuis la Russie, appuyant ainsi une mesure prônée par le Premier ministre italien Mario Draghi.
Dans l'Union européenne, les stocks de gaz sont actuellement abondés "à environ 80%, "grâce à la diversification" des fournisseurs, même si la situation diverge d'un pays à l'autre, a indiqué M. Gentiloni.
(L.Kaufmann--BBZ)