Le marché de l'emploi américain ralentit en août
Le marché du travail aux Etats-Unis a ralenti en août, avec un taux de chômage en progression et des créations d'emplois bien moins nombreuses, un signal paradoxalement positif car la lutte contre l'inflation passe par un ralentissement économique.
Le taux de chômage est reparti à la hausse pour la première fois depuis janvier, grimpant à 3,7%, a annoncé vendredi le département du Travail.
Il était tombé en juillet à 3,5%, son niveau de février 2019, juste avant que l'économie ne soit frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Les analystes le voyaient rester à ce niveau.
Les créations d'emplois ont elles fortement ralenti le mois dernier, à 315.000, contre 526.000 en juillet (données révisées à la baisse). Ce chiffre est en ligne avec les attentes des analystes.
Le marché de l'emploi avait montré en juillet un dynamisme inattendu, retrouvant pour la première fois les 22 millions d'emplois qui avaient été détruits à cause du Covid-19.
Il y avait, fin juillet, plus de 11 millions de postes vacants, soit deux pour chaque demandeur d'emploi.
Déjà, mercredi, les emplois créés en août dans le seul secteur privé avaient déçu: 315.000 créations étaient attendues, mais il n'y en a eu que 132.000, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.
"Nous pensons que ces chiffres suggèrent une transition vers un rythme d'embauche plus modéré", avait précisé Nela Richardson, cheffe économiste pour ADP, lors d'une conférence téléphonique.
Selon elle, "les entreprises de toutes tailles essaient de comprendre la situation économique complexe", liée à l'"inflation élevée" et au manque de travailleurs au moment où elles cherchent à embaucher de façon importante.
- Inflation -
Ni le ralentissement économique, ni les craintes de récession, ni même les mesures prises par la Banque centrale américaine (Fed) pour enrayer la demande et ainsi juguler l'inflation, n'avaient jusqu'à présent eu raison de la santé de fer du marché de l'emploi.
Le Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est contracté aux deux premiers trimestres de 2022, ce qui correspond à la définition classique de la récession. Et si la première économie du monde ne semble cette fois pas entrer dans cette case, c'est notamment en raison de la bonne forme de son marché du travail.
La lutte contre la forte inflation, pourtant, passera par un ralentissement de l'emploi, et même sans doute par une hausse du taux de chômage.
Jerome Powell, le patron de la Fed, l'a martelé la semaine dernière à la conférence de Jackson Hole: revenir à la stabilité des prix entraînera "une longue période de croissance plus faible" ainsi qu'"un ralentissement du marché du travail".
D'autant plus que les entreprises sont confrontées depuis plus d'un an à une pénurie de main-d’œuvre, et, pour recruter, offrent des hausses de salaires, ce qui contribue à faire grimper les prix.
La Fed, à la manœuvre face à l'inflation, relève progressivement ses taux directeurs, afin de rendre le crédit plus onéreux pour les particuliers et les entreprises, et ainsi ralentir la consommation, et donc la pression sur les prix.
Elle relèvera de nouveau ses taux lors de sa prochaine réunion, les 20 et 21 septembre.
L'inflation, au plus haut depuis 40 ans, a cependant ralenti en juillet, à 8,5% sur un an, selon l'indice CPI.
(K.Lüdke--BBZ)