Wall Street termine en forte baisse, décélération brutale avant la Fed
Wall Street a connu une nouvelle séance de forte baisse lundi, oubliant l'optimisme forcené des deux derniers mois pour se concentrer sur la poursuite des hausses de taux de la banque centrale américaine (Fed) et un discours très attendu de son président, vendredi.
Le Dow Jones a abandonné 1,91%, à 33.063,61 points, l'indice Nasdaq, 2,55%, à 12.381,57 points, et l'indice élargi S&P 500, 2,14%, à 4.137,99 points.
Pour Andy Kapyrin, de Regent Atlantic, la place new-yorkaise a encaissé des prises de bénéfices, qui interviennent après un été tout feu tout flamme et "avant une semaine qui devrait être assez risquée pour actions et obligations".
Calme lundi sur ce plan, la semaine sera jalonnée de quelques indicateurs macroéconomiques d'importance, notamment les indices d'activité PMI pour août mardi, mais aussi, l'indice des prix PCE vendredi.
Mais l'événement de la semaine est évidemment l'allocution, vendredi, du président de la Fed, Jerome Powell, lors de la rencontre annuelle de banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming).
"C'est une opportunité pour la Fed d'envoyer un message clair aux marchés", à savoir que l'institution "est toujours focalisée sur l'inflation plutôt que sur les risques économiques", estime Andy Kapyrin.
Les opérateurs favorisent désormais une hausse de 0,75 point de pourcentage du principal taux d'intérêt de la Fed lors de la prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed, les 21 et 22 septembre, après avoir longtemps tablé sur un demi-point seulement.
Cette poursuite anticipée d'un resserrement à marche forcée, jamais vue dans l'ère moderne, qui porterait le taux directeur de la banque centrale américaine à son plus haut niveau depuis 14 ans, a plombé les valeurs technologiques lundi.
- Durcissement du crédit -
Amazon (-3,62%), Tesla (-2,28%), Meta (-2,92%) et Alphabet (-2,58%) ont illustré la dégringolade. Les entreprises du secteur technologique doivent souvent emprunter pour nourrir leur croissance et vivent généralement mal, de ce fait, le durcissement des conditions de crédit.
"Je m'attends à ce qu'elles soient délaissées tant que les taux d'intérêt seront relativement hauts", explique Andy Kapyrin.
Mais le coup de froid actuel ne se limite pas au secteur technologique et tous les membres du Dow Jones ont ainsi terminé dans le rouge lundi.
Seules quelques valeurs défensives, moins sensibles à la conjoncture, comme l'assureur santé UnitedHealth (-0,68% à 544,57 dollars), plus forte pondération du Dow Jones, ont un peu surnagé.
"Rien n'a changé sur le plan macroéconomique" par rapport à la situation de juin, quand Wall Street a connu ses plus bas de l'année, a fait valoir Ross Mayfield, de Baird. "Je pense qu'on est toujours dans la bonne direction" côté actions, "mais de là à justifier l'élan qu'on a vu, c'était peut-être un peu prématuré."
A la cote, la chaîne de cinémas AMC (-41,95% à 10,46 dollars) a pâti de l'attribution de titres nouveaux à ses actionnaires existants, comme dividende, ainsi que de l'annonce de son concurrent Cineworld, qui envisage un dépôt de bilan.
Le titre a aussi souffert de la correction des "meme stocks", dont elle fait partie, ces actions portées aux nues, depuis début 2021, par les petits porteurs, souvent sans lien avec la santé financière ou les perspectives des sociétés.
Ford a reculé nettement (-5,04% à 15,08 dollars), après avoir été condamné, vendredi, par un tribunal de Géorgie à verser 1,7 milliard de dollars de dommages et intérêts. Le jury a estimé qu'un défaut de fabrication d'un de ses pickups avait joué un rôle dans le décès de deux automobilistes, en 2014.
Le constructeur a également annoncé lundi la suppression de 3.000 postes, principalement aux Etats-Unis, en Inde et au Canada.
(H.Schneide--BBZ)