Mexique: les proches des dix mineurs piégés sous terre perdent espoir
Les proches des dix mineurs coincés sous terre dans le nord-est du Mexique commençaient à perdre espoir vendredi près de 48 heures après l'effondrement de trois puits de charbon sous la pression d'une inondation.
Pour la deuxième nuit d'affilée, une centaine de proches ont dormi près de la zone bouclée par les forces de sécurité pour permettre le travail des secours, a constaté une équipe de l'AFP dans la localité de Sabinas (Etat du Coahuila). Les mineurs sont bloqués dans des puits d'une profondeur de 60 mètres, d'après les autorités.
"Nous sommes ici depuis hier mercredi deux heures de l'après-midi", a expliqué jeudi soir à l'AFPTV Jésus Ronaldo Mireles Romo, 24 ans, arrivé parmi les premiers sur les lieux de l'accident qui a frappé son père, José Luis, 47 ans.
"J'ai la foi que tout va bien se passer", dit-il, en étouffant un sanglot.
"Chaque minute qui passe, l'espérance diminue", ajoute sa mère Claudia Romo au sujet de son ex-mari. "Nous sommes séparés depuis sept ans. Mais c'est le papa de mes enfants. C'est douloureux".
"Nous nous sentons impuissants", conclut-elle. "Nous ne perdons pas espoir. C'est Dieu qui a le dernier mot".
Angelica Montelongo avait jeudi soir le visage triste et fatigué après avoir déjà passé une nuit à attendre des nouvelles de son frère Jaime: "Nous voulons qu'ils sortent les corps". "Il faut avoir la foi et croire qu'ils sont encore vivants", se reprend-elle quelques secondes plus tard.
Blasa Maribel Navarro attend aussi un signe de vie de son neveu Sergio Cruz, 41 ans. Cela faisait à peine deux mois qu'il travaillait à la mine. "Nous faisons confiance à Dieu", soupire-t-elle, entre deux réflexions sur les risques des métiers de la mine.
Cinq mineurs ont déjà réussi à sortir. Deux d'entre eux ont pu quitter l'hôpital, avaient annoncé jeudi les autorités.
A Mexico, le président Andres Manuel Lopez Obrador a consacré une partie de sa conférence de presse quotidienne vendredi à la tragédie des mineurs, en donnant la parole aux explications techniques de la protection civile.
"Il est indispensable de réduire le niveau d'eau (dans la mine) pour permettre l'entrée en toute sécurité des spécialistes de la recherche et des secours", a expliqué la coordinatrice de la protection civile, Laura Velazquez.
Les secours introduisent dans la mine des pompes submersibles pour réduire le niveau de l'inondation, qui est passé de 34 à 30 mètres selon le président.
Sur place, des agents de la Commission fédérale d'électricité (CFE) ont renforcé les capacités de fourniture d'électricité pour le fonctionnement des pompes, a constaté l'AFP.
Quelque 260 secouristes issus de différents corps (armée, marine, garde nationale) ont été envoyés en renfort.
- Mine artisanale et dangereuse -
L'accident est survenu mercredi vers 13h30, quand les mineurs ont trouvé en creusant une zone pleine d'eau dont l'effondrement a provoqué l'inondation.
Il s'agit d'une mine artisanale très dangereuse pour les mineurs, d'après les experts.
"Les mineurs creusent un puits de deux mètres de diamètre, et continuent de creuser jusqu'à trouver du charbon", a expliqué un ingénieur métallurgique, Guillermo Iglesias, à une radio locale.
Ce type d'infrastructure ne protège pas les ouvriers des effondrements, à la différence des protections qui existent dans une mine industrielle, a-t-il ajouté.
On ignore encore le nom de l'entreprise pour qui travaillent les dix mineurs.
L'Etat du Coahuila, qui produit 99% du charbon mexicain, a l'habitude des tragédies minières. En juin 2021, sept ouvriers sont morts après un effondrement souterrain dans la région de Múzquiz.
Un accident est resté gravé dans les mémoires: 65 mineurs sont morts le 19 février 2006 lors de l'explosion d'une poche de gaz dans la mine Pasta de Conchos, contrôlée par le conglomérat Grupo México.
Seize ans plus tard, 63 des 65 corps gisent toujours au fond de la mine.
Cela fait 16 ans que les familles "exigent des mesures" contre les accidents "et leurs appels n'ont pas été entendus", a déploré la Compagnie de Jesus, qui affirme que les Jésuites accompagnent les proches dans leur demande de justice devant les instances internationales.
(Y.Berger--BBZ)