Miné par les restrictions anti-Covid et le durcissement réglementaire, Alibaba cale
Miné par les restrictions anti-Covid et le durcissement réglementaire, Alibaba a entamé son exercice décalé avec un léger repli de son chiffre d'affaires trimestriel, une première pour le géant du commerce en ligne, qui a toutefois dépassé les attentes.
Pour le premier trimestre de son exercice décalé entre avril et juin 2022, le chiffre d'affaires s'est établi à 205,55 milliards de yuans, soit 30,7 milliards de dollars, a détaillé le groupe dans un communiqué évoquant un "déclin" dans les activités de commerce, compensé par celles sur le cloud.
Le bénéfice a de nouveau plongé, perdant près de 50%, à 22,8 milliards de yuans (3,4 milliards de dollars), contre 45,1 milliards de yuans un an plus tôt.
Sur l'ensemble de son exercice annuel, publié fin mai, le bénéfice avait accusé un repli de près de 60%.
"Après des mois d'avril et de mai relativement faibles, nous voyons des signes de reprise dans nos activités en juin", a déclaré le PDG du groupe Daniel Zhang, cité dans le communiqué.
- Bond boursier -
Une lueur d'espoir qui se répercutait en Bourse, les investisseurs accueillant favorablement cette publication meilleure que prévu. Les actions cotées aux États-Unis prenaient ainsi 4,5%, dans les échanges électroniques précédant l'ouverture de Wall Street.
L'an dernier, à la même époque ses ventes avaient progressé de 34% sur un an, à 205,7 milliards de yuans.
Depuis fin 2020, les autorités chinoises se montrent intransigeantes contre certaines pratiques des géants du numérique, auparavant largement tolérées, en matière de collecte de données personnelles et de concurrence.
Pékin a ainsi multiplié les coups contre les puissantes entreprises d'internet, empêchées de lever de l'argent à l'international ou mises à l'amende pour abus de position dominante.
Ces mesures ont fait perdre au secteur des milliards de dollars de capitalisation boursière.
- chaînes d'approvisionnement sous tension -
Longtemps considéré en Chine comme un modèle de réussite, Alibaba avait été le premier à subir la vindicte des pouvoirs publics.
Fin 2020, les régulateurs avaient ainsi fait capoter la gigantesque introduction en Bourse de sa filiale Ant Group.
La firme, qui se voyait lever 34 milliards de dollars à Hong Kong et Shanghai, en avait été empêchée in extremis par les autorités, inquiètes de possibles risques financiers.
Dans la foulée, Jack Ma avait disparu des radars pendant deux mois et demi, un silence qui avait alors suscité de nombreuses interrogations notamment d'ordre politique.
L'économie du pays est par ailleurs ralentie par les restrictions anti-Covid, ce qui par ricochet rend les consommateurs très frileux et pénalise les entreprises de commerce en ligne.
La Chine affronte depuis plusieurs mois une résurgence de la pandémie, qui touche à des degrés divers plusieurs endroits du pays.
En application d'une stratégie sanitaire tricte de zéro-Covid, plusieurs villes ont été confinées, à commencer par la capitale économique Shanghai, pendant deux mois au printemps, avec un impact significatif sur la deuxième économie mondiale.
Alibaba évoque d'ailleurs dans sa publication les "restrictions qui ont entraîné des ruptures logistiques et dans les chaînes d'approvisionnement en avril et pendant une grande partie du moi de mai", entamant les performances commerciales.
(T.Burkhard--BBZ)