Les Etats-Unis au bord de la paralysie budgétaire avant Noël
Un "shutdown" pour les fêtes? Les élus républicains et démocrates au Congrès américain s'efforcent vendredi de parvenir rapidement à un nouvel accord budgétaire qui permettrait d'éviter une paralysie des services publics fédéraux juste avant Noël.
L'horloge tourne, car à minuit heure locale (05H00 GMT samedi), l'Etat fédéral se retrouvera en situation effective de "shutdown". A la clé: le chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires, le gel de plusieurs aides sociales ou encore la fermeture de certaines crèches.
Une situation extrêmement impopulaire auprès des Américains, d'autant plus à l'approche de Noël.
Le Congrès était pourtant bien parti mardi pour éviter cette situation quand le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, avait annoncé être parvenu à un accord avec les démocrates. Celui-ci comprenait notamment plus de 100 milliards d'aides à des régions américaines récemment sinistrées par des catastrophes naturelles.
Las, l'accord négocié a été torpillé le lendemain par Elon Musk puis Donald Trump.
L'homme le plus riche du monde, devenu allié du milliardaire républicain, avait lancé une virulente salve de posts sur son réseau social X pour exprimer son opposition, exhortant les élus à "tuer le texte".
Le président élu lui avait emboîté le pas dans la soirée et avait dénoncé un texte "ridicule et extraordinairement onéreux".
- Issue -
Le rebondissement avait pris de court le Congrès et obligé les responsables des négociations à repartir de zéro. Il a aussi donné un aperçu d'une présidence Trump 2.0 avant même la prise de fonctions du républicain le 20 janvier. Avec un style - similaire à son premier mandat - ne s'embarrassant pas des conventions, quitte à provoquer un certain chaos.
L'opposition fracassante d'Elon Musk a également illustré l'influence grandissante du patron de SpaceX et Tesla sur les grandes décisions politiques.
Au point, pour certains élus démocrates, d'ironiser sur un "président Musk", auprès duquel Donald Trump serait réduit à un rôle de vassal.
L'issue à l'impasse n'est désormais pas évidente pour le républicain Mike Johnson, qui s'était félicité du premier accord mardi.
Principal responsable des négociations, il est pressé d'un côté par les démocrates de revenir au texte sur lequel ils s'étaient entendu, et de l'autre par certains élus conservateurs qui refusent en bloc tout texte qui ne comprendrait pas de coupe budgétaire pour compenser les nouvelles aides.
Au vu des divisions dans le camp républicain et des règles de vote, l'influent élu républicain James Comer avait prévenu jeudi que pour que le Congrès adopte un texte budgétaire, il faudrait "évidemment avoir des soutiens côté démocrate".
- "Pas sous Trump" -
L'une des possibilités évoquées pour repousser la menace d'un shutdown serait de scinder les principaux éléments du premier texte en plusieurs projets de loi et sur lesquels les élus voteraient de manière séparée.
Exit cependant -- pour le moment -- l'idée d'un relèvement du plafond de la dette des Etats-Unis, alors que l'absence d'une telle provision dans le premier texte avait été la raison principale de l'opposition de Donald Trump.
Le président élu en avait même fait une condition sine qua non pour tout nouveau texte, sans quoi il se battrait "jusqu'au bout" contre.
Chaque parti pointe déjà l'autre du doigt pour attribuer la responsabilité d'un éventuel "shutdown".
"S'il y a un +shutdown+ du gouvernement, qu'il commence maintenant, sous Biden, mais pas sous Trump", a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social vendredi matin.
"C'est un problème que Biden doit résoudre, mais si les républicains peuvent aider (...) ils le feront!", a-t-il ajouté.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a elle au contraire soutenu que ce sont les républicains qui avaient fait "exploser" l'accord.
"Il revient aux républicains au Congrès de résoudre le bazar qu'ils ont créé", a-t-elle déclaré lors d'un point presse.
(S.Perez--TAG)