Volkswagen veut tailler dans les salaires pour s'extraire de la crise
Le constructeur Volkswagen, fleuron en crise de l'industrie allemande, veut tailler dans les rémunérations des salariés en Allemagne pour réduire ses coûts qui ont fait plonger le bénéfice du groupe au troisième trimestre.
Le premier groupe automobile européen a dévoilé mercredi soir un plan de réduction de 10% des salaires et une révision du système de primes qui lui permettraient de réaliser une partie des milliards d'économies visés pour redresser sa compétitivité.
Le premier groupe automobile européen a vu son bénéfice net chuter de 63,7% entre juillet et fin septembre, à 1,58 milliard d'euros, plombé par des coûts élevés et la baisse des ventes en Chine, son premier marché.
Une nouvelle illustration de la crise que traverse le plus gros employeur industriel d'Allemagne, qui l'a poussé à annoncer en septembre un plan de restructuration historique.
Les mesures de ce plan sont en cours de négociations avec les représentants du personnel qui ont rencontré la direction pendant plus de sept heures mercredi.
Ils avaient dénoncé lundi le projet de fermer trois usines en Allemagne, avec des dizaines de milliers d'emplois menacés. Ils avaient également fait état de la volonté du constructeur de tailler dans les salaires.
- "Ultimatum" -
Aucun projet de fermeture d'usine n'est mentionné dans la proposition de Volkswagen transmise à la presse. Mais le groupe "maintient sa menace de fermeture d'usines et de suppressions drastiques d'emplois", affirme le syndicat IG Metall.
Le quotidien allemand Handelsblatt voit dans les mesures de baisse des rémunérations un "ultimatum" de la direction aux syndicats pour éviter fermetures d'usines et licenciements.
Le volet sur les salaires est "une condition de base pour continuer à maintenir la compétitivité de Volkswagen et, en fin de compte, pour garantir durablement les emplois", a déclaré Arne Meiswinkel, négociateur du groupe.
Des fermeture d'usines en Allemagne seraient une première en 87 ans d'histoire du groupe.
En Chine, où Volkswagen réalise un tiers de ses ventes et où les fabricants locaux de voitures électriques grignotent ses parts de marché, les ventes ont reculé de 15% au troisième trimestre. Au niveau mondial, le repli est de 7%.
Sur les neuf premiers mois de l'année, le bénéfice net du groupe recule de 30% et le résultat opérationnel de 20% par rapport à l'an dernier.
La marge opérationnelle du groupe aux dix marques, de VW à Porsche, a chuté, à seulement 5,4% sur neuf mois de l'année, contre 6,9% au cours de la même période en 2023.
En cause: les ventes des voitures haut de gamme Porsche et Audi, les plus rentables, ont fondu, tandis que la rentabilité de la marque historique VW, avec ses prix moins élevés, est en berne, à seulement 2% sur neuf mois, un niveau désastreux au regard de l'objectif visé, à 6,5% d'ici 2026.
"Nous devons agir maintenant. Tout retard serait irresponsable", a déclaré Arno Antlitz, directeur financier du groupe, lors d'une conférence en ligne.
Arrivé à la tête du groupe fin 2022, le PDG Oliver Blume avait lancé un chantier pour restructurer la marque phare VW, destiné à réaliser 10 milliards d'économies et atteindre une marge opérationnelle comprise entre 9 et 11% d'ici 2030.
Un objectif loin d'être atteint, qui pousse désormais le groupe à aller plus loin, au prix de "décisions difficiles et douloureuses", selon M. Antlitz.
- Menaces de grèves -
"Nous ne sommes pas prêts à parler des coûts du travail de manière isolée mais nous voulons un plan d'ensemble, un plan d'avenir pour l'entreprise", a rétorqué mercredi Daniela Cavallo, la présidente du comité d'entreprise du groupe.
La prochain séance de négociations est fixée au 21 novembre. Des grèves sont possibles à partir de décembre.
Le groupe Volkswagen emploie plus de 680.000 personnes dans le monde, dont environ 120.000 pour la marque principale VW en Allemagne.
Comme ses concurrents allemands Mercedes et BMW, le groupe de Wolfsburg a publié fin septembre un avertissement sur ses résultats pour l'année 2024, prévoyant désormais un chiffre d'affaires de 320 milliards d'euros, contre 322 milliards l'an dernier, ainsi qu'une faible marge opérationnelle annuelle à 5,6%, largement en dessous des années précédentes (7% en 2023 et 7,9% en 2022).
(A.Thompson--TAG)