Ardennes: début du procès de Nordahl Lelandais, jugé à huis clos pour agression sexuelle
Le procès de Nordahl Lelandais, déjà condamné à perpétuité pour le meurtre de la petite Maëlys, s'est ouvert lundi à huis clos devant le tribunal correctionnel de Charleville-Mézières pour une agression sexuelle, qu'il nie, sur l'une de ses petites-cousines, alors âgée de 14 ans, en 2017.
Entouré de quatre policiers encagoulés, le prévenu est apparu droit dans le box des accusés, carrure imposante dans un sous-pull gris clair au col camionneur, cheveux courts et barbe grisonnante de quelques jours. Il n'a pas pris la parole.
Le tribunal a jugé le huis clos nécessaire "pour la sérénité des débats", en raison de la minorité de la victime au moment des faits et de son jeune âge encore aujourd'hui.
L'ancien maître-chien, resté impassible à l'ouverture de l'audience, est jugé pour "agression sexuelle imposée à une mineure de moins de 15 ans" et "menace ou acte d'intimidation pour déterminer une victime à ne pas porter plainte".
Ma cliente "craint la médiatisation" et "la présence de Nordahl Lelandais", mais a "hâte que tout ceci se termine", plus de six ans après les faits, avait affirmé à l'AFP son avocat, Me Arnault Monnier, avant l'audience.
"Elle se souvient encore de son regard noir et inquiétant" à l'époque et "avait déjà mal vécu la confrontation" avec le prévenu lors de l'enquête, a-t-il relaté.
- "Dénégation" -
Les faits jugés lundi remontent au 16 mars 2017, alors que la victime avait 14 ans. L'adolescente affirme avoir subi des attouchements, sur les fesses et la poitrine, selon la présidente du tribunal, puis le prévenu aurait menacé de la tuer si elle disait quelque-chose.
"C'était à quelques minutes de l'enterrement de son papa", a raconté l'ancienne avocate de la victime, qui l'a suivie tout au long de l'instruction, Me Caroline Rémond.
La jeune fille porte plainte en 2019 et Nordahl Lelandais est mis en examen le 27 février 2020.
Lelandais "est clairement dans la dénégation. Il n'y a pas de témoins directs, donc il nie l'intégralité des faits, il dit que c'est une vengeance familiale", relate Me Monnier.
Sa cliente "est restée parfaitement constante tout au long de la procédure", mais "elle s'attend à avoir sa parole contestée", a-t-il ajouté.
Nordahl Lelandais, 40 ans, a été condamné en février 2022 par la cour d'assises de l'Isère à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une mesure de sûreté de 22 ans pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys, 8 ans, lors d'une soirée de mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère).
Il était également jugé pour des agressions sexuelles sur deux petites-cousines de 4 et 6 ans au cours du même été 2017.
- "Grand prédateur" -
Il avait reconnu le meurtre et ces attouchements, filmés avec son téléphone alors que les fillettes dormaient. Après la projection de ces vidéos au procès d'assises, il a admis des penchants "pédophiles".
L'avocat général avait qualifié lors de ce procès l'ex-militaire de "danger social absolu" et de "grand prédateur".
Il avait déjà été condamné en mai 2021 à Chambéry à vingt ans de réclusion pour le meurtre du jeune caporal Arthur Noyer qu'il avait pris en stop à Chambéry en avril 2017.
Nordahl Lelandais n'a pas fait appel de ses condamnations.
L'avocat de la victime, qui doit prochainement intégrer la fonction publique, fait part "d'une certaine culpabilité" chez sa cliente. Les faits jugés étant "les premiers de 2017, elle se dit que, peut-être, si elle avait parlé avant, tout ça ne serait jamais arrivé".
Né le 18 février 1983 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Nordahl Lelandais est arrivé à l'âge de sept ans en Savoie, avec sa famille.
En 2001, il intègre l’armée où il reste quatre ans comme maître-chien, une expérience interrompue pour infirmité et conflit avec ses supérieurs.
De retour en Savoie, il vit autour de Chambéry, souvent chez ses parents, un foyer modeste, enchaîne les intérims et lance sans succès une activité de dressage canin en 2010.
(P.Davis--TAG)