Grosses promotions ciblées pour le "Black Friday" dans un climat économique incertain
La chasse aux bonnes affaires du "Black Friday" battait son plein vendredi notamment aux Etats-Unis où les magasins affichent des réductions pouvant aller jusqu'à 75% dans un environnement économique meilleur qu'anticipé, mais vérolé par des incertitudes.
Un millier de personnes ont franchi les portes du grand magasin historique Macy's à Manhattan lorsqu'elles ont ouvert à 6 heures (11H00 GMT), après un compte à rebours symbolique.
"Des pulls, du maquillage, un veste... Il y a de belles promotions", s'est réjouie Shira Clements, 27 ans, venue avec son amie Dani Ditchek, 26 ans.
"C'est plus sympa" de venir en boutique que d'acheter sur internet. "On passe du temps ensemble. C'est une véritable expérience", ajoutent-elles.
Raf, musicien de 23 ans tout juste arrivé à New York de Californie, arbore un sourire jusqu'aux oreilles: il vient d'acheter la télé de ses rêves --165 cm-- pour 500 dollars.
"Mais les vendeurs étaient très insistants, bien pire que d'habitude", raconte-t-il. "C'était assez agaçant. Ca m'a presque donné envie de ne pas acheter".
Ledian Brisku, Albanais travaillant dans la finance à Londres, a obtenu 300 dollars de réduction sur les 1.200 dollars que coûtait son nouvel ordinateur. "Ma mère m'a appelé ce matin pour me dire que c'était Black Friday", explique ce vacancier de 27 ans.
Shay, 14 ans, et son amie Lai, 13 ans, s'intéressent aux soins de la peau et aux vêtements. Leur budget? "Moins de 100 dollars" pour la première et "moins de 40 dollars" pour la seconde.
- Tradition -
Pour Cristina Carradero, venue de Porto Rico, le "Black Friday" est une tradition avec sa mère. Elle sort de Macy's avec une bague pour ses trente ans, "avec une très belle promotion".
La fièvre liée à cette traditionnelle journée de promotions s'était emparée depuis plusieurs semaines déjà des vitrines américaines et des boutiques sur internet.
De nombreuses enseignes offrent des réductions estampillées "Black Friday" de plus en plus tôt, tout particulièrement cette année, dès le mois d'octobre.
"Les commerçants sont inquiets. Ils essaient de capter les dépenses des consommateurs tôt pour être sûrs de les obtenir", relève Randy Allen, professeur de gestion à l'université Cornell.
Les "plus gros rabais sont attendus pour +Black Friday+ et +Cyber Monday+" lundi, qui devraient générer pour le e-commerce respectivement 9,6 milliards de dollars et 12 milliards aux Etats-Unis, précise Adobe Analytics, spécialiste du e-commerce.
Les "plus gros rabais sont attendus pour +Black Friday+ et +Cyber Monday+" lundi, qui devraient générer pour le e-commerce respectivement 9,6 milliards de dollars et 12 milliards, aux Etats-Unis, précise Adobe Analytics, spécialiste du e-commerce.
Au total, la "Cyberweek" — qui s'étend du jeudi de Thanksgiving le 23 novembre au lundi suivant — devrait rapporter 37,2 milliards sur internet (+5,4%).
Selon la Fédération nationale du commerce de détail (NRF), plus de 182 millions de personnes devraient faire des achats en boutique et sur internet pendant la "Cyberweek". C'est près de 16 millions de plus qu'en 2022 et un record depuis le début de son suivi en 2017.
Elle n'a pas fait de prévision en montant pour cette période, mais anticipe des ventes pour la saison des fêtes (novembre-décembre) allant jusqu'à 966,6 milliards (+4%).
- Shopping utile -
Beaucoup de consommateurs se limitent aux emplettes pour les cadeaux de fin d'année: vêtements, cartes cadeaux, jouets, livres, jeux vidéos, produits d'hygiène et de beauté, selon la NRF.
"Les clients vont chercher les articles dont ils ont vraiment envie et besoin plutôt qu'acheter beaucoup de choses par impulsivité", explique Neil Saunders, directeur à GlobalData. "Ce qui n'est pas forcément bon pour les commerçants".
De leur côté, "les enseignes font prudemment des rabais ciblés plutôt que de vastes promotions tous azimuts", ajoute-t-il.
Leur objectif consiste surtout à écouler leurs stocks, selon les analystes.
La récession tant annoncée ne s'est pas concrétisée et le consommateur américain s'est montré particulièrement "résilient", soulignent plusieurs experts, mais les incertitudes macroéconomiques incitent à la prudence.
Côté positif: le taux de chômage reste stable à des niveaux historiquement bas.
"L'emploi est la charpente de l'économie américaine depuis le début de l'année", souligne Zachary Warring, analyste de CFRA Research.
Le "Black Friday" s'est exporté, notamment en France et au Royaume-Uni, où Hargreaves Lansdown s'attendait à une édition "difficile" dans un environnement "super difficile".
En moyenne, les Français comptent dépenser 416 euros, d'après un sondage OpinionWay pour le spécialiste du commerce Bonial.
Au Fnac-Darty du Forum des Halles au centre de Paris dans le rayon jeux vidéo, Noam Terki, 19 ans, scrute les promotions sur les consoles Playstation.
L'étudiant en médecine n'exclut pas de monter jusqu'à "600-700 euros, si on parle de cadeaux", explique-t-il à l'AFP.
Par ailleurs, le géant américain du commerce en ligne était touché vendredi par une grève dans une trentaine de pays (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Allemagne, Japon, etc), ses salariés exigeant de meilleures conditions de travail.
Selon les syndicats, ce "Black Friday" pourrait être la plus grosse journée de grève de l'histoire d'Amazon.
"Cette journée d'action prend de l'ampleur chaque année parce que le mouvement visant à demander des comptes à Amazon ne cesse de s'amplifier et de se renforcer", a réagi la fédération syndicale internationale UNI Global Union, dans un communiqué.
(A.Thompson--TAG)