Londres dévoile un budget pour stimuler l'investissement et récompenser "le travail dur"
Le ministre des Finances britannique Jeremy Hunt a dévoilé mercredi un budget d'automne qui veut stimuler l'investissement et l'activité au Royaume-Uni et encourager le "travail dur" avec des baisses de cotisations sociales.
"Après une pandémie et une crise énergétique, nous avons pris des mesures difficiles pour remettre notre économie sur les rails", s'est félicité M. Hunt en présentant son budget.
"Notre plan pour l'économie britannique fonctionne, mais le travail n'est pas terminé", a-t-il ajouté.
Le ministre a mis en avant une amélioration de l'économie ces derniers mois, avec les projections officielles anticipant désormais une croissance de 0,6% cette année contre une contraction de 0,2% encore attendue en mars.
En revanche, les prévisions sont drastiquement abaissées pour l'an prochain, à 0,7% contre 1,8% projetés au printemps.
- Pressions économiques -
L'inflation au Royaume-Uni a nettement chuté, à 4,6% en octobre, contre plus de 11% il y a un an, mais la croissance stagne et les offres d'emploi se raréfient.
M. Hunt a notamment annoncé "110 mesures" qui vont permettre de "doper l'investissement dans les entreprises de 20 milliards de livres par an", et "n'impliquent pas plus d'emprunt ou de dette", a-t-il promis.
L'emprunt de l'Etat est ressorti dans les derniers chiffres publiés mardi inférieur aux prévisions officielles pour l'année fiscale en cours, ce qui a donné un peu de marge de manoeuvre au Chancelier de l'Echiquier - autre titre du ministre des Finances - pour afficher quelques baisses d'impôts...
Et essayer de faire remonter le parti conservateur au pouvoir dans les sondages, largement à la traîne des travaillistes avant les législatives prévues pour l'an prochain.
- "Travailler dur" -
Afin d'encourager les Britanniques à "travailler dur" - mantra de cette déclaration budgétaire - Jeremy Hunt a annoncé une baisse des cotisations sociales salariales de 12% à 10% pour quelque 27 millions de personnes "qui gagnent entre 12.570 et 50.270 livres (entre 14.450 et 57.750 euros)" annuels.
A l'inverse, l'une des premières mesures annoncées en amont du budget concernait une restriction des aides sociales: le gouvernement prévoit "des sanctions plus sévères" contre les personnes bénéficiant d'allocations qui ne cherchent pas un emploi alors qu'elles le pourraient.
Le gouvernement a aussi confirmé que le salaire minimum augmentera l'an prochain, précisant que la hausse sera de près de 10%.
Actuellement fixé à 10,42 livres (douze euros) de l'heure, il sera relevé à compter d'avril 2024 pour atteindre 11,44 livres (13,15 euros), ce qui constitue "la plus forte augmentation" jamais enregistrée, assure l'exécutif.
- Allègements fiscaux -
M. Hunt a aussi mis l'accent sur les aides aux entreprises: il a pérennisé des allègements fiscaux à hauteur de 11 milliards de livres, une mesure qui avait été réclamée par une litanie de grands patrons dans une lettre commune ces derniers jours.
"Pour chaque million qu'une entreprise investit, elle pourra déduire 250.000 livres de ses impôts la même année", a déclamé M. Hunt.
Dès la semaine dernière, le Trésor avait aussi indiqué qu'il allait injecter 4,5 milliards de livres dans huit secteurs industriels dont l'automobile, l'aérospatiale, les énergies vertes ou les sciences de la vie notamment.
Même si le Premier ministre conservateur Rishi Sunak et le Chancelier veulent mettre en avant leurs baisses d'impôts, la pression fiscale dans le pays reste à un niveau historiquement élevé.
Lors de la législature actuelle, entamée fin 2019, "les impôts auront augmenté plus que dans n'importe quelle législature au moins depuis la Seconde Guerre mondiale", a résumé lundi Paul Johnson, directeur du centre de réflexion Institute for Fiscal Studies (IFS).
La principale organisation patronale, la CBI, s'est félicitée de décisions "qui changent la donne" pour l'économie.
La responsable travailliste des Finances Rachel Reeves a quant à elle estimé que "rien de ce qui a été annoncé aujourd'hui ne compensera de quelque manière que ce soit" la crise du coût de la vie qui frappe les ménages britanniques.
Vers 13H40 GMT (14H40 à Paris), la devise britannique se repliait de 0,15% face au billet vert à 1,2519 dollar, et de 0,02% face à l'euro à 87,03 pence.
(B.Smith--TAG)