Pas-de-Calais: retour de la pluie après le week-end d'accalmie, les habitants sur le qui-vive
La nuit et la matinée ont été calmes dans le Pas-de-Calais mais le département, touché par des crues dévastatrices, connaît un nouvel épisode pluvieux, qui pourrait encore aggraver la situation et maintient les sinistrés dans l'inquiétude.
"On avait 1,60 m dans notre cave il y a deux jours, c'est réduit à 20 centimètres", témoigne Cyril Theriez, restaurateur, qui continue lundi matin d'évacuer l'eau de son domicile de Neuville-sous-Montreuil à l'aide d'une pompe.
Dans ce village encore largement sous l'eau, de légères pluies tombent par intermittence depuis le début de la matinée.
"Ca descend mais on reste sur le qui-vive, on attend une nouvelle remontée des eaux et la décrue ne sera pas assez faite pour dormir tranquille", souligne cet homme qui a souhaité jusqu'à présent rester chez lui.
Les précipitations, sur des sols déjà saturés, devraient monter en intensité jusqu'à mardi, journée qui "pourrait être marquée par des pluies importantes et plus intenses", avec "un impact considérable sur les cours d'eau", a prévenu la préfecture.
Vigicrues a maintenu lundi quatre cours d'eau du Pas-de-Calais et du Nord --la Canche, l'Aa, la Hem et la Lys canalisée-- en vigilance orange.
- "Ca va être long" -
Dans ce contexte, la préfecture a décidé de laisser fermés lundi et mardi crèches et établissements scolaires dans 279 communes du département. Un total de 388 établissements sont concernés, qui "ne dispenseront pas d'enseignement", a-t-elle précisé. "Mais les élèves pourront y être accueillis à chaque fois que cela s'avérera nécessaire".
La situation reste notamment difficile autour de Saint-Omer et Montreuil, où l'eau continue de bloquer des routes et d'envahir des habitations, contraignant nombre d'habitants épuisés à quitter leur domicile.
Alain Delplace, agriculteur à Hames-Boucres, au sud de Calais, les pieds dans l'eau depuis plusieurs jours, disait dimanche "croiser les doigts" pour que les nouvelles pluies restent limitées. "On a paillé beaucoup, beaucoup plus, on a mis cinq, six fois plus de paille qu'habituellement" pour protéger les veaux des intempéries.
Mais d'après le président de l'association, Grégory Pierron, "ça va être long puisqu'on est obligés d'attendre la décrue pour les opérations de pompage".
D'après le sénateur et vice-président du conseil régional, Franck Dhersin, 10.000 sinistrés ont déjà été recensés. Le bilan est de quatre blessés légers depuis lundi dans le département, selon la préfecture.
- Manifestation d'agriculteurs -
Une sexagénaire est par ailleurs décédée à Bailleul (Nord) au volant de sa voiture, retrouvée pleine d'eau samedi dans un fossé inondé, sans que le parquet de Dunkerque ne puisse établir avec certitude un lien avec les intempéries.
Selon la préfecture, 600 foyers restent privés d'électricité et 7.200 subissent des restrictions d'usage de l'eau.
Le trafic ferroviaire est interrompu sur deux tronçons (Boulogne-Etaples et Saint-Pol-Etaples) "jusqu'à nouvel ordre", a indiqué la SNCF sur X (ex-Twitter). Une cinquantaine d'axes routiers restent coupés.
Des agriculteurs de la FNSEA ont bloqué lundi matin avec une vingtaine de tracteurs une voie de l'A16 à l'entrée de Calais pour demander à l'Etat de mettre en place des équipements "permettant à l'avenir d'éviter aux exploitations agricoles et aux habitants des polders (étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau, ndlr) des Hauts-de-France de connaître des catastrophes".
A la cristallerie d’Arc, basée à Arques, en partie inondée, les techniciens s’affairent à relancer les machines, a indiqué Patrice Bollengier secrétaire du CSE. "On a eu entre 30 et 80 cm d’eau", dit-il.
Quelque 155 communes ont déposé un dossier pour être reconnues en catastrophe naturelle, une décision attendue mardi.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
(B.Ramirez--TAG)