En Auvergne, Marc Fesneau tente de rassurer les éleveurs
L'élevage, "il faut que ça paie". Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a assuré qu'il n'était "pas question", au nom de la lutte contre l'inflation, "de revenir" sur les lois visant à augmenter le revenu des agriculteur, mardi au premier jour du sommet de l'élevage, près de Clermont-Ferrand.
"La souveraineté, ça a un prix", a déclaré le ministre depuis l'arène du concours primant les meilleurs représentants de la race limousine, une vache élevée pour la viande.
"Malheureusement les éleveurs ne vivent pas" de leur métier, "ils n'en vivent plus", venait de l'interpeller Olivier Lasternas, président de l'organisation qui gère le livre généalogique de la Limousine.
Depuis la première élection d'Emmanuel Macron en 2017, plusieurs lois ont été adoptées pour que les agriculteurs ne vendent pas leur production à perte et ne pâtissent plus de la politique du prix le plus bas des transformateurs et des enseignes de distribution.
Cet édifice est ébranlé par l'inflation (encore +9,6% sur les produits alimentaires entre septembre 2022 et septembre 2023) qui pousse le gouvernement à se montrer volontariste dans la défense du pouvoir d'achat des Français. Un projet de loi a été récemment présenté pour avancer les négociations annuelles entre les supermarchés et leurs grands fournisseurs de l'agroalimentaire (Mondelez, Nestlé, Danone...).
"On ne va pas sacrifier l'agriculture", assure Marc Fesneau, dont le portefeuille ministériel comprend la "Souveraineté alimentaire".
Derrière lui, un juge détaille les qualités des taureaux présentés au concours: "bassins larges et ouverts", "épaisseur de filet", "finesse d'os".
- "Bon espoir" -
A la veille du sommet qui attend plus de 100.000 visiteurs jusqu'à vendredi, l'interprofession de la viande bovine Interbev a demandé au gouvernement de s'engager dans un "plan souveraineté pour un élevage et une viande bovine durables".
Les professionnels s'inquiètent devant la baisse du cheptel et par extension du recul de la production française de boeuf et de lait qui menace la pérennité des laiteries et abattoirs.
Un plateau de fromages AOP d'Auvergne (Saint-Nectaire, Fourme d'Ambert...) est proposé au ministre: les cinq appellations auvergnates représentent 5.000 emplois directs (éleveurs, salariés des ateliers de transformation...), ce qui en fait le "deuxième employeur d'Auvergne après [le fabricant de pneus] Michelin", précise-t-on à Marc Fesneau.
Un éleveur l'interpelle: "Je voudrais savoir si le ministère de l'Agriculture a encore du pouvoir" face aux "conneries" du ministère de l'Economie qui porte le projet de loi avançant les négociations commerciales.
"Il n'est pas question de revenir sur Egalim", répond le ministre, soulignant qu'une meilleure rémunération est indispensable pour inciter des jeunes à devenir éleveurs, alors qu'un exploitant sur deux partira à la retraite dans les dix ans qui viennent.
Le salon professionnel est perturbé par l'apparition en France de premiers cas de maladie hémorragique épizootique (MHE), transmise par des moucherons piqueurs et affectant principalement les bovins.
Le dernier bilan fait état de 19 foyers dans le sud-ouest. Les mouvements d'animaux sont limités. Résultat: alors que le salon professionnel accueille d'ordinaire environ 2.000 animaux, il manque 30% des vaches, chèvres et moutons (aussi touchés par la fièvre catarrhale ovine), indique l'AFP le président du sommet, Jacques Chazalet.
"On n'a pas fait de zèle" mais "il fallait être sérieux" sur le plan sanitaire, lui glisse Marc Fesneau en aparté.
La France négocie pour rétablir les flux de bovins vivants à l'export, un débouché important pour la profession dont une partie du cheptel est engraissé en Espagne, en Italie ou au Maghreb.
"Nous avons débloqué" la situation avec l'Espagne, "nous avons bon espoir pour la partie italienne" et "ce sera un peu plus long avec l'Algérie", indique le ministre un peu plus tard devant des élus locaux et des syndicalistes agricoles.
(S.G.Stein--BBZ)