Les ministres européens promettent un "soutien durable" lors d'une rencontre "historique" à Kiev
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne se sont retrouvés lundi à Kiev pour une "réunion historique" visant à tracer les lignes d'un "soutien durable" à ce pays confronté à l'invasion russe et qui ambitionne d'intégrer l'UE.
Face à une contre-offensive ukrainienne lente et les craintes d'une baisse du soutien occidental à l'Ukraine, il s'agit aussi de montrer à la Russie qu'elle "ne doit pas compter" sur la "lassitude" de l'Union européenne, a expliqué la ministre française Catherine Colonna.
Un message qui a été immédiatement contredit par le Kremlin, persuadé que cette "lassitude" va "s'accroître dans différents pays".
M. Borrell a cependant précisé qu'il s'agissait d'une rencontre "informelle" qui "n'a pas pour but d'aboutir à des conclusions et à des décisions concrètes".
En recevant ses homologues, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a salué la tenue de la réunion à Kiev, soit "à l'intérieur des futures frontières de l'Union européenne", selon lui.
"La puissance de nos guerriers sur la ligne de front est en grande partie le résultat de la puissance de nos accords avec nos amis et partenaires", a abondé le président Volodymyr Zelensky sur Telegram.
L'Ukraine ambitionne depuis des années d'intégrer l'UE et s'est vu accorder en juin 2022 le statut de candidat à l'adhésion, mais pour passer à l'étape suivante, Kiev doit encore faire des progrès notamment dans la lutte anti-corruption.
- "Protection hivernale" -
Il s'agit de montrer "que l'Ukraine fait partie de la famille européenne" et de "donner aussi à la Russie le message qu'elle ne doit pas compter sur notre lassitude", a souligné Mme Colonna. "Nous serons là pour longtemps", a-t-elle promis.
La ministre allemande, Annalena Baerbock, a elle demandé la mise en place d'un "plan de protection hivernal" pour permettre à l'Ukraine de faire face aux bombardements sur ses infrastructures énergétiques, comme lors de l'année dernière.
Cette rencontre se tient au moment où des craintes émergent quant à la pérennité du soutien occidental à l'Ukraine, qui dépend des livraisons d'armes et de l'aide financière des Européens et des Etats-Unis.
A Washington, un accord d'urgence conclu par le Sénat ce weekend pour éviter une paralysie de l'administration fédérale a laissé de côté du budget l'aide à l'Ukraine, qui devra faire l'objet d'un projet distinct à voter.
Le président américain Joe Biden a ensuite promis que les Etats-Unis "n'abandonneraient pas" l'Ukraine, et Kiev a annoncé "travailler" avec son principal soutien militaire et financier pour que cette situation "n'empêche pas le flot de l'aide".
Si le Kremlin a estimé lundi que Washington "continuera à s'impliquer dans ce conflit", il a dit s'attendre à ce que "la lassitude du soutien complètement absurde au régime de Kiev va s'accroître dans différents pays".
En Europe, la Slovaquie a élu samedi un parti populiste qui s'oppose à la poursuite de l'aide à l'Ukraine. Kiev a sobrement dit lundi "respecter le choix du peuple slovaque" et jugé qu'il était trop tôt pour prédire les conséquences.
Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères hongrois - dont le pays est resté le plus proche de Moscou dans l'UE - ainsi que ses confrères polonais et letton n'ont pas assisté à la réunion à Kiev, a indiqué à l'AFP un haut responsable du gouvernement ukrainien sous le couvert de l'anonymat. Les diplomates polonais et letton sont malades, a-t-il ajouté.
Autre source d'aide pour l'Ukraine, une mission du Fonds monétaire international (FMI), la première en trois ans, s'est rendue à Kiev pour discuter d'un programme de 15,6 milliards de dollars, a annoncé le Premier ministre Denys Chmygal.
Sur le front, où l'Ukraine mène depuis juin une difficile contre-offensive, les bombardements se sont poursuivis lundi. Quatre personnes ont été blessées à Kherson et deux autres à Orikhiv, dans le sud, selon les autorités régionales.
Quatre drones explosifs russes ont été abattus au cours de la nuit, selon l'armée ukrainienne.
Les services de renseignements ukrainiens ont de leur côté revendiqué une attaque au drone sur une usine de production de missiles à Smolensk, en Russie, à plus de 600 kilomètres de la frontière.
(Y.Yildiz--BBZ)