L'Ordre des médecins lance une charte des médecins créateurs de contenus
De fausses informations médicales distillées sur les réseaux peuvent "pourrir la vie" des patients malades: l'Ordre des médecins (Cnom) a dévoilé jeudi une charte de bonnes pratiques destinée aux professionnels prenant la parole en ligne.
"Les vidéos de santé qui circulent sur les réseaux sociaux attirent des millions de vues. Mais combien d'entre elles reposent sur des éléments scientifiquement solides ?", s'est interrogé lors d'une conférence de presse le président du Cnom, François Arnault.
Avec cette charte - déclinée en dix principes - l'Ordre a ainsi pour objectif de "favoriser une information médicale à la fois rigoureuse et accessible et de protéger la santé publique".
En la signant, le professionnel s'engage par exemple à produire sur les réseaux sociaux du contenu pédagogique, médical et scientifique vulgarisé, et à ne faire la promotion "d'aucune pratique ou thérapeutique non validée scientifiquement".
Face à des professionnels parfois "auto-proclamés" qui utilisent les réseaux pour promouvoir "des médecines alternatives", "il fallait prendre des actions", insiste Claire Siret, docteur en médecine générale.
Parmi les principes fondateurs: ne pas donner de conseil médical personnalisé, ne pas promouvoir sa propre activité, ne pas utiliser de moyens payants pour mieux référencer son contenu...
Pour Nawale Hadouiri, @Dr_Nawell2.0 sur les plateformes qui a participé à la création de la charte, celle-ci permettra aussi "de répondre aux doutes des médecins qui voudraient se lancer sur les réseaux sociaux".
Selon le Cnom, il s'agit de "fixer un cadre éthique et déontologique, non contraignant", à l'attention des plusieurs dizaines de médecins qui animent des chaînes sur les réseaux.
Cette charte a également été élaborée en partenariat avec Youtube, qui cherche depuis la pandémie de Covid-19 à mieux combattre la désinformation médicale.
Après la mise en place d'un partenariat avec des hôpitaux et d'un label des "vidéos fiables en santé", dont peuvent déjà bénéficier les professionnels, Youtube souhaite "s'adresser à la nouvelle génération de médecins qui sort de son cabinet et utilise les réseaux comme canal de communication direct", a indiqué Justice Ryst, directrice générale France de la plateforme.
Pour répondre aux professionnels qui redouteraient d'être "bridés", Arthur Lefort, un docteur en médecine générale ayant participé à l'élaboration du texte, soutient que l'idée "n'est pas de restreindre" mais "de crédibiliser la parole des médecins face aux influenceurs".
(A.Johnson--TAG)