Macron invité d'honneur d'un défilé militaire en Inde
Après le faste du Rajasthan, celui des armées: le président français Emmanuel Macron, invité d'honneur de l'Inde, va assister vendredi à un défilé militaire haut en couleur où se croiseront dans le ciel des chasseurs Rafale français à des Mig-29 et chars T-90 russes.
Le chef de l'Etat, accueilli en grande pompe jeudi par le Premier ministre indien Narendra Modi à Jaipur, la capitale du Rajasthan célèbre pour ses palais et ses maharajas, achève sa visite à New Delhi avec les célébrations du "Republic day" (Jour de la République).
Il est l'invité d'honneur du chef du gouvernement et homme fort de l'Inde pour la fête de la Constitution indienne, entrée en vigueur le 26 janvier 1950, deux ans après l'indépendance.
Loin de Paris, il continue toutefois de suivre la grogne des agriculteurs qui menacent de bloquer tout le pays. Il a aussi réagi jeudi soir à l'invalidation d'une partie de la loi contestée sur l'immigration par le Conseil constitutionnel, chargé notamment de se prononcer sur la conformité à la Constitution des lois.
Narendra Modi, qui avait été l'invité d'honneur pour le défilé militaire du 14 juillet à Paris, lui rend la pareille six mois plus tard alors que le partenariat industriel et militaire s'intensifie entre les deux pays.
Le dirigeant nationaliste hindou, déterminé à afficher la puissance indienne sur la scène internationale, avait d'abord invité le président américain Joe Biden, qui n'a finalement pas donné suite sur fond de tensions après un projet d'assassinat d'un séparatiste sikh à New York.
Peu avant 10H30 (05H00 GMT), le président français, accompagné de son homologue Droupadi Murmu, rejoindra à bord d'une calèche la tribune du défilé, qui démarrera au son de 21 coups de canon.
Un contingent de 150 légionnaires, emmené par la colonelle Anne-Laure Michel, commandant la base aérienne d'Istres (sud), ainsi que deux chasseurs Rafale et un avion ravitailleur MRTT français ouvriront le défilé. Suivront régiments de chars, de grenadiers et cavalerie à dos de chameau.
La France lorgne de nouveaux contrats militaires avec l'Inde, dont le premier fournisseur d'armements reste la Russie mais qui, soucieuse de son autonomie stratégique, continue à diversifier ses acquisitions. Elle espère aussi lui vendre six réacteurs nucléaires EPR.
- "Modi, Modi" -
L'Inde a déjà acheté 36 Rafale français pour son armée de l'Air et est en négociation pour en acquérir 26 autres pour sa Marine. Elle souhaite aussi consolider sa base industrielle de défense à travers des coentreprises avec des groupes français, de Dassault au missilier MBDA.
Le président Macron fera aussi la promotion de la France auprès des investisseurs indiens, encore peu présents dans ce pays, avant de s'adresser à la communauté française, l'occasion peut-être de revenir sur la situation politique et sociale en France.
Jeudi, Narendra Modi avait déjà sorti le grand jeu en invitant son hôte à parader dans les rues de Jaipur devant des dizaines de milliers d'Indiens en liesse scandant surtout "Modi, Modi".
Au-delà du faste, les crises internationales, de l'Ukraine à Gaza, se sont aussi invitées dans les discussions. L'Inde, alliée de longue date de la Russie, refuse de condamner son offensive en Ukraine.
A la fois première puissance démographique (1,43 milliard d'habitants) et cinquième économie mondiale, l'Inde est un poids lourd incontournable et de plus en plus courtisé.
La France entend de son côté être un acteur de la zone Asie-Pacifique et une puissance d'équilibre entre le Nord et le Sud.
Mais en s'affichant au côté du Premier ministre indien, le président Macron se retrouve aussi montré du doigt par les organisations de défense des droits humains qui dénoncent les dérives autoritaires du régime indien et la répression des minorités religieuses, notamment des musulmans.
(O.Garcia--TAG)