Guadeloupe: une journaliste écartée de l'antenne après un échange tendu avec Bardella
Une journaliste-présentatrice de la radio privée RCI en Guadeloupe a été écartée de l'antenne après une interview particulièrement tendue du président du RN Jordan Bardella, une éviction qui suscitait dimanche une vive réprobation à gauche.
Dans le journal de 13h00 vendredi, la présentatrice Barbara Olivier-Zandronis a eu un vif échange avec l'eurodéputé, lui lançant notamment qu'il ne portait "pas de propositions" au Parlement européen.
Le responsable RN a fini par demander à l'intervieweuse: "Vous avez votre carte dans quel parti politique, Madame ?", ajoutant: "Vous m'agressez depuis à peu près neuf minutes en faisant les questions et les réponses".
A la suite de cette interview, la direction de RCI a retiré la présentation du journal de 13h00 à la journaliste, en CDD depuis septembre. Elle l'animait chaque semaine du vendredi au dimanche.
"Ce n'est pas la première rédaction au monde où quelqu'un est retiré de l'antenne quand il y a un couac", a justifié dimanche auprès de l'AFP Hervé de Haro, directeur délégué de RCI Guadeloupe.
"Je considère qu'elle n'a pas fait d'interview, elle a fait un débat politique. Nous ne sommes pas une radio d'opinion, et si cela avait été un autre parti cela aurait été la même chose", a ajouté ce responsable de la principale radio des Antilles.
Cette mise à l'écart a provoqué de vives réactions politiques, notamment à gauche.
Cinq parlementaires de Guadeloupe, les députés Elie Califer, Max Mathiasin, Olivier Serva et les sénateurs Victorin Lurel et Solanges Nadille, ont exprimé leur "indignation" dans une lettre ouverte, estimant que "la véritable essence de la liberté de la presse est incarnée lorsque les hommes politiques sont confrontés avec des questions fondamentales et franches".
Sur X, le leader LFI Jean-Luc Mélenchon a fustigé "la meute médiatique, qui s'est jetée sur moi pour un tweet au prétexte de la défense du métier", allusion à ses critiques contre la journaliste Ruth Elkrief, alors qu'elle "reste dans le silence" sur cette affaire. "Cette indignation à géométrie variable est l'aveu d'une dérive nauséabonde", a-t-il tranché.
Une pétition en ligne a été lancée pour "rétablir Barbara Olivier-Zandronis à l'antenne de RCI Guadeloupe", qui dépassait dimanche les 1.500 signatures.
Dans un communiqué, la radio précise que la journaliste "demeure partie intégrante de la rédaction" et dit considérer "toute ingérence dans (son) entreprise comme inacceptable".
"Cette décision relève uniquement de la direction de RCI Guadeloupe, Jordan Bardella et le Rassemblement national ne sont aucunement responsables des choix managériaux ou éditoriaux d'une radio privée", a écrit pour sa part sur X le directeur du service de presse du RN, Victor Chabert.
(W.Williams--TAG)