Swann Van Rechem, un jeune maestro qui veut "conduire" avec "humanité"
Il a 25 ans et est le lauréat d'un concours international réputé de jeunes chefs d'orchestre: Swann Van Rechem s'apprête à "conduire" ses futurs musiciens avec rigueur, simplicité et "humanité".
Samedi 23 septembre, le jeune Français, qui concourrait face à un candidat coréen et un autre chinois, a remporté le Grand Prix du concours international de jeunes chefs d'orchestre de Besançon (280 candidats au départ), réputé pour être le concours le plus complet au monde et qui a sacré des chefs tels qu'Alexander Gibson ou Michel Plasson.
Un concours qui permet surtout d'ouvrir les portes d'une grosse quinzaine d'orchestres français et européens partenaires et d'être courtisé par d'autres institutions.
"J'ai déjà eu des propositions la semaine dernière", confie à l'AFP Swann Van Rechem: "L'orchestre de Lille, l'orchestre de Rouen, l'Opéra de Tours, c'est en discussion. Et d'autres choses à l'étranger".
Ajustant son noeud papillon sur smoking avant une séance photo, ce jeune aux cheveux châtains, sourcils épais, sourire naturel et l'air avenant savoure.
Natif de Lille, Swann Van Rechem baigne dans la musique depuis toujours: ses parents sont percussionnistes - son père dirige un big band - et son frère deviendra violoniste de jazz. Lui commence le piano à six ans dans une école de musique, puis au Conservatoire de la capitale nordiste. A 11 ans, voulant "jouer avec les copains dans l'orchestre", il se met aussi aux percussions.
"Petit, je mettais un CD, +Star Wars+ ou +Les planètes+ (poème symphonique) de Holst et je m'amusais à diriger", raconte-t-il.
A 12 ans, il devient auditeur de la classe de direction d'orchestre du Conservatoire, puis suit des sessions direction pendant ses années lycée.
- "Bagage très fort" -
Il réussit l'entrée au Conservatoire national supérieur de musique de Paris... en tant que percussionniste. Ce qui ne l'empêche pas de suivre une option direction et de diriger des orchestres amateurs.
Licence en poche, il se concentre sur la direction, part à Amsterdam auprès du chef Antony Hermus. Puis c'est l'Allemagne: six mois d'Erasmus à Weimar, il est admis en master, où il est aujourd'hui en deuxième année.
Il a déjà collaboré avec l'Orchestre national de Metz, le Thüringen Philharmonie Gotha-Eisenach, le Nord Nederland Orkest ou encore le Hradec Králové Philharmonic.
Comment diriger ? "De manière la plus humaine possible", avec un "échange avec les musiciens le plus simple possible" répond-il, "exécrant" le terme "chef", trop militaire à son goût. "On montre le chemin", "on est plutôt des +conducteurs+", dit-il en référence à la traduction anglaise "conductor".
"Pour moi, le deuxième trompette est aussi important que le +Konzertmeister+ (le premier violon)", assure-t-il.
"Générosité, rigueur, écoute et grande sensibilité artistique", Swann Van Rechem a "un bagage très fort pour son début de carrière", affirme à l'AFP Jean-Pierre Mathé, directeur du Festival de musique de Besançon et directeur du concours.
"A 25 ans, c'est assez incroyable", selon lui. "On a des candidats qui ont cette maîtrise (plutôt vers) la limite d'âge du concours (35 ans)".
"Il est déjà très mûr dans sa façon de travailler", ajoute Jean-François Verdier, membre du jury du concours, également directeur de l'orchestre symphonique Victor Hugo Bourgogne-Franche Comté. Qui prévient que chef d'orchestre, "c'est un univers difficile, extrêmement concurrentiel".
Les oeuvres préférées de Swann Van Rechem ? "+La mer+ ou +Pélléas et Mélisande+ de Debussy, +Daphnis et Chloé+ de Ravel, +Carmen+ de Bizet", énumère-t-il. Les symphonies de Gustav Mahler, de Beethoven, de (Robert) Schuman, mais aussi la musique contemporaine ou encore l'opéra.
"Un opéra, on est un groupe avec le metteur en scène, les chanteurs et chanteuses, les machinistes, les costumiers, on fait partie d'une famille, ça c'est chouette!".
(P.Werner--BBZ)