L'adaptation américaine de la série "HPI" espère "toucher un énorme public"
Plus gros carton d'audience des 20 dernières années en France, la série "HPI" débarque mardi aux Etats-Unis, avec une adaptation renommée "High Potential" qui nourrit les mêmes ambitions: dépoussiérer le feuilleton policier, avec des affaires ludiques et un humour familial.
Ce "remake" transporte l'intrigue de Lille à Los Angeles. Au lieu de Morgane Alvaro, femme de ménage extravagante avec un QI de 160 incarnée par Audrey Fleurot, on y suit Morgan Gilliroy, une autre mère célibataire jouée par Kaitlin Olson et recrutée par la police pour son "haut potentiel intellectuel".
Cette héroïne décalée tentera de faire les beaux jours de la chaîne ABC, après avoir dopé les audiences de TF1 en France.
"Je n'ai jamais vu ce genre de personnage nous emmener dans une enquête policière à la télévision", s'enthousiasme Todd Harthan, scénariste principal de la série. "Cela me rappelle en quelque sorte ce que j'aimais tant dans +Dr House+, je n'avais jamais vu un médecin comme ça avant, c'était un tel tour de force qu'il fallait regarder."
La série "a le potentiel de toucher un énorme public", a-t-il confié à l'AFP, en marge d'une conférence de presse en juillet.
En France, "HPI" est devenu un phénomène dès son lancement en 2021. Ses épisodes ont parfois réuni plus de 10 millions de spectateurs, du jamais vu depuis 2005, époque où la télévision ne souffrait pas de la concurrence des plateformes de streaming.
- Grande gueule -
"High Potential" semble appliquer les mêmes recettes, selon le pilote dévoilé à la presse.
La Morgan américaine est aussi une grande gueule, avec un goût immodéré pour les tenues tape-à-l'œil et une défiance tenace envers la flicaille. Sans oublier une vie menée au centime près et rythmée par trois enfants à charge.
"Je voulais qu'elle appartienne à la classe ouvrière, qu'elle ait du mal à faire confiance aux autres. (...) Elle est excentrique et ne suit pas nécessairement les règles", raconte Kaitlin Olson, en confiant s'être inspirée de quelques épisodes de "HPI". "J'ai vu tout cela dans la série française et j'ai vraiment été attirée par cela."
Sa culture encyclopédique tirée de documentaires, ses capacités de calcul éclair et sa mémoire photographique en font une enquêtrice aussi insupportable que surdouée.
De quoi agacer un inspecteur Karadec dubitatif, qui se passerait bien de cette tornade collée dans ses pattes par sa hiérarchie.
Daniel Sunjata reprend ici le rôle de Mehdi Nebbou, avec une ressemblance physique troublante.
"Nous pourrions probablement être cousins", plaisante le barbu ténébreux de 52 ans. "Si ça m'a aidé à obtenir le rôle, tant mieux !"
L'Américain s'est toutefois limité au premier épisode de la série française.
"Je ne voulais pas être influencé", insiste-t-il. "Nous essayons de faire notre propre truc."
- Mimétisme -
Le mimétisme du pilote reste néanmoins frappant. Non seulement la violence du crime est soigneusement escamotée, divertissement familial oblige, mais l'intrigue française est aussi suivie quasiment à la lettre.
Plans et dialogues similaires, rebondissements identiques: la série américaine va jusqu'à utiliser la même musique ludique lorsque Morgan s'embarque dans un de ses raisonnements tarabiscotés pour faire progresser l'enquête.
"Au fur et à mesure que nous avançons dans la série, mon instinct me dit qu'il y aura plus d'épisodes originaux qui n'emprunteront rien à la série française", promet Todd Harthan. "Nous voulons créer notre propre identité."
Le "showrunner" vante les possibilités offertes par ce feuilleton "totalement atypique" et "plus sophistiqué" que les séries policières traditionnelles.
Propriété de Disney, ABC a réservé une case de choix à "High Potential", le mardi à 22H00.
Reste à savoir si les Américains seront aussi séduits par Morgan que par l'inspecteur "Monk", flic insolite souffrant de troubles obsessionnels compulsifs (TOC).
D'autant que, contrairement à la France, où le concept de HPI est en vogue depuis une bonne dizaine d'années pour expliquer les comportements de certains enfants, ce syndrome est largement inconnu aux Etats-Unis.
Tout comme le reste du casting, Kaitlin Olson avoue qu'elle en ignorait l'existence.
"Quand on m'en a parlé, je me suis dit: Est-ce que c'est un truc français où l'on qualifie les gens d'intellectuels à haut potentiel ?"
(N.Miller--TAG)