Réchauffement de l'Arctique: rennes et boeufs musqués aident à ralentir le déclin de la biodiversité
Le réchauffement rapide de l'Arctique et la fonte de la banquise provoqués par le changement climatique entraînent un fort déclin de la biodiversité, mais les rennes et boeufs musqués aident à en ralentir le rythme.
Ces herbivores imposants ont ainsi un rôle méconnu de défenseurs des écosystèmes en diminuant presque de moitié le rythme de la baisse de la biodiversité, qui comprend plantes, champignons et lichens, selon une étude publiée jeudi dans la revue Science.
"Dans certains cas la réintroduction d'animaux peut être une technique efficace pour combattre les effets négatifs du changement climatique sur la biodiversité de la toundra", explique à l'AFP son coauteur Christian John, de l'université de Californie à Santa Barbara.
L'étude repose sur une expérience menée sur 15 ans, qui a débuté en 2002 près de la localité de Kangerlussuaq, à l'ouest du Groenland, où vivent environ 500 habitants.
Une équipe de scientifiques internationaux a créé des parcelles de 800 mètres carrés avec des clôtures pour écarter ou introduire les herbivores et mesurer l'impact sur le milieu environnant.
Les chercheurs ont aussi, pour simuler le réchauffement climatique, installé des sortes de serres miniatures pour augmenter la température de quelques degrés et observer la réaction de la biodiversité dans des conditions plus chaudes que celles d'aujourd'hui. Les herbivores avaient accès à certaines parcelles chauffées mais pas d'autres.
Chaque jour, l'équipe marchait des kilomètres pour comptabiliser les ongulés.
La biodiversité de la toundra a décliné dans l'ensemble au cours de cette expérimentation, en raison du réchauffement mais aussi d'un changement du régime des précipitations liées à la fonte des glaces et de l'augmentation de la présence d'arbustes qui ont évincé d'autres espèces.
Néanmoins, la "biodiversité de la toundra a diminué presque deux fois plus vite dans les parcelles où les herbivores étaient exclus par rapport à celles où ils ont pu brouter", d'après Christian John.
Dans les parcelles chauffées, la différence était encore plus aigüe. La biodiversité a chuté d'environ 0.85 espèce par décennie lorsque les herbivores étaient écartés, tandis que ce déclin n'était que de 0.33 espèce par décennie dans les terrains où ils pouvaient brouter.
Les herbivores, en broutant des espèces de plantes comme les arbrisseaux, les bouleaux nains et les Saule gris, ont permis à d'autres plantes de s'épanouir, d'après les scientifiques.
(A.Berg--BBZ)