Cocaïne frelatée près de Buenos Aires: 12 morts, 50 hospitalisations
Au moins 12 personnes sont mortes et une cinquantaine ont été hospitalisées, en banlieue de Buenos Aires, après avoir consommé de la cocaïne frelatée, ont annoncé mercredi les autorités, lançant une mise en garde urgente a qui a acheté de la drogue ces "dernières 24 heures"
"Ceux qui ont acheté de la drogue dans les dernières 24 heures doivent la jeter", a déclaré le ministre de la Sécurité de la province de Buenos Aires, Sergio Berni sur la chaîne de télévision Telefe. Il a ajouté que les autorités étaient en train "d'essayer de localiser la substance toxique pour la retirer de la circulation".
Des opérations de police ont été menées dans la banlieue populaire de Tres de Febrero, au nord-ouest de la capitale, et une dizaine de personnes ont été interpellées, selon le ministre provincial rendu sur place.
Des sachets de cocaïne y ont été saisis, similaires à ceux identifiés par des proches de victimes, a ajouté M. Berni. En fin de journée la drogue coupée était en cours d'analyse dans un laboratoire de la Plata.
L'alerte a été donnée mercredi matin lorsque plusieurs décès et hospitalisation pour intoxication, à plusieurs degrés de gravité, sont survenues dans trois hôpitaux distincts de la banlieue de Buenos Aires, à Hurlingham, Tres de Febrero et San Martin. Plusieurs des hospitalisés ont indiqué aux soignants qu'ils avaient consommé ensemble de la cocaïne.
Les victimes, parmi lesquelles plusieurs hommes d'une trentaine et quarantaine d'années, auraient souffert de violentes convulsions et d'arrêts cardiaques foudroyants, selon des rapports médicaux cités par plusieurs médias. "Il y a un composant important qui attaque le système nerveux central", a avancé M. Berni.
Le parquet local du district de San Martin a annoncé "il a été déterminé qu'une substance hautement toxique commercialisée sous le nom de cocaïne circule" actuellement, recommandant la plus grande prudence aux personnes en possession de la drogue.
"Notre inquiétude aujourd'hui est de pouvoir communiquer, de manière à ce que ceux qui sont en possession de ce poison sachent qu'ils ne leur faut pas consommer", a déclaré sur Radio Mitre le procureur de San Martin en charge du dossier, Marcelo Lapargo.
- Erreur ou règlement de comptes narco -
Les enquêteurs craignaient que le bilan puisse s'élever, avec la découverte de consommateurs qui n'auraient pas eu le temps ou les moyens de se rapprocher d'un centre de soins.
"Quand ont dit mauvaise cocaïne, on ne parle pas ici de cocaïne pourrie ou périmée", mais coupée avec une substance toxique, a souligné M. Berni.
"Chaque dealer qui achète la cocaïne la coupe. Certains le font avec des substances non toxiques, comme l'amidon. D'autres y mettent des hallucinogènes et s'il n'y a aucun contrôle, ce genre de chose arrive", a-t-il ajouté.
Interrogé sur un éventuel lien des intoxications massives avec un règlement de comptes entre narco-trafiquants, le ministre a dit ne pas pouvoir s'avancer.
Le procureur e Lapargo a évoqué un cas "absolument exceptionnel", mais a lui aussi estimé que l'hypothèse d'un règlement de comptes était, à ce stade, "de la conjecture"
Le sociologue Alberto Calabrese, expert en addictions et président du Fonds d'aide toxicologique, a expliqué a l'AFP "dans les secteurs pauvres, il arrive que ce qui se consomme sont des substances +coupées+ et lorsqu'il y a mélange, comme dans ce cas-là, ce peut-être parce qu'un narcotrafiquant l'a fait pour nuire à un autre, ou parce que quelqu'un s'est trompé. Mais cela coûte des vies".
Dans l'après-midi, quelques heurts ont brièvement opposés des habitants du quartier de Loma Hermosa, partie du faubourg de Tres de Febrero, qui protestaient contre l'interpellation de jeunes du quartier dans le cadre de l'enquête, et ont jeté des pierres sur la police.
(S.G.Stein--BBZ)