Colombie: "mort présumée" d'un chef dissident de l'ex-guérilla des FARC
Le ministre de la Défense colombien, Diego Molano, a fait état mercredi de la "mort présumée" de l'un des principaux chefs dissidents de l'ex-guérilla des FARC, tué début mai au Venezuela.
"Des sources de renseignement révèlent la mort présumée de +Gentil Duarte+ dans l'Etat vénézuélien de Zulia au cours d'un affrontement fratricide entre membres de groupes narcotrafiquants et terroristes", a affirmé M. Molano au cours d'une conférence de presse à Bogota.
"Si cette mort est confirmée, c'est une preuve de plus que le régime (vénézuélien de Nicolas) Maduro protège ces groupes sur son sol et qu'il ne les combat pas", a une nouvelle fois accusé le ministre. L'Etat de Zulia est frontalier du nord de la Colombie.
Selon la presse colombienne mercredi, Miguel Botache Santillana, alias "Gentil Duarte", est mort le 4 mai dans un attentat à l'explosif à l'aube contre son campement.
"Gentil Duarte", 59 ans, est l'une des dernières figures historiques de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui avait déposé les armes en 2016, au terme de près de 60 ans de lutte et la signature d'un accord de paix historique.
Après avoir participé aux négociations de paix à La Havane qui avaient abouti à la signature de cet accord, "Gentil Duarte" avait repris le maquis.
Il dirigeait depuis lors le "Bloque sur-oriental", fort d'environ 1.700 hommes, l'une des principales factions de la dissidence des FARC, une nébuleuse aujourd'hui fragmentée en une trentaine de groupes armés.
Sa tête était mise à prix 1 million de dollars par le gouvernement colombien.
- "Salomé" -
Le chef guérillero a été victime d'un attentat à l'explosif à l'aube alors qu'il dormait dans son campement improvisé de la zone rurale de Casigua el Cubo, dans la municipalité de Jesus Maria Semprun, où il vivait sous la protection d'un chef du "Front 33" des ex-FARC, "John Mechas", avec cinq garde-du-corps et au milieu d'une soixantaine de guérilleros.
Une jeune femme surnommée "Salomé", qui était sa compagne, est également décédée dans l'attaque, toujours selon la presse.
En mars 2021, "Gentil Duarte" avait échappé à un bombardement de l'armée colombienne dans la jungle de Guaviare (sud-est) qui avait fait 12 tués, et à une autre opération des forces spéciales en juillet dans la région voisine du Caqueta au cours de laquelle il aurait été blessé.
Le quotidien colombien El Tiempo affirme avoir eu accès à des photos du lieu de l'explosion, où était visible le chapeau dont il ne se séparait jamais et d'autres affaires personnelles.
Ce chef de la dissidence avait trouvé refuge au Venezuela début 2022, toujours d'après les médias colombiens et le ministre Molano. En février, l'un de ses adjoints, le commandant "Johnier", avait été tué par l'armée dans le sud-ouest de la Colombie.
La faction de "Gentil duarte" était en lutte contre l'autre grande faction de la dissidence, la "Segunda Marquetalia" d'Ivan Marquez, dont trois des principaux chefs ont été tués l'an dernier (Jesus Santrich en mai 2021, Romana et El Paisa en décembre).
Ses hommes son également en guerre ouverte avec l'ELN, l'Armée de libération nationale, autre guérilla d'extrême-gauche d'inspiration guévariste.
Cette confrontation se joue des deux côtés de la frontière entre la Colombie et le Venezuela, alors que certains de ces groupes bénéficient du soutien et de la protection du gouvernement de Nicolas Maduro, selon Bogota.
Mercredi, la presse évoquait comme hypothèse principale pour cette attaque un nouvel épisode dans la lutte fratricide que se livrent ces groupes.
Les trois sont considérés comme des "organisations terroristes" par les Etats-Unis, allié du gouvernement colombien.
Au gré de leurs alliances ou rivalités, ils s'affrontent entre eux ou avec d'autres groupes armés pour le contrôle du juteux narcotrafic et de l'exploitation minière illégale.
Au total, ce sont plus de 90 groupes armés illégaux qui sont actuellement actifs en Colombie, dissidents des FARC, ELN, héritiers des groupes paramilitaires d'extrême-droite des années 1990 et simples gangs de narcotrafiquants, comme le redoutable Clan del Golfo, selon le groupe de réflexion colombien indépendant Indepaz.
Ils comptent dans leurs rangs près de 10.000 hommes.
(T.Renner--BBZ)