Noël à Bethléem, un "échappatoire" à la guerre pour les chrétiens de Terre sainte
Sans sapin ni ornements, le coeur n'est pas entièrement à la fête mardi autour de l'église de la Nativité, berceau du christianisme, mais passer Noël à Bethléem reste un "échappatoire" à la guerre dans la bande de Gaza pour les chrétiens de Terre sainte.
Foulard rouge autour du cou, la troupe de scouts Terra Sancta, l'une des plus anciennes de la région, descend une rue commerçante de la vieille ville entre les vendeurs ambulants de nougat et les échoppes de shawarma.
La douceur des chants de Noël fredonnés par les enfants, en arabe, tranche avec les banderoles qu'ils arborent: "Nous voulons la vie, pas la mort", "Arrêtez le génocide à Gaza maintenant!"
L'ombre de la guerre qui ravage la bande côtière palestinienne depuis plus d'un an plane sur l'église de la Nativité, bâtie au-dessus de la grotte dans laquelle Jésus a vu le jour selon la tradition chrétienne.
Un grand sapin se dresse normalement pour Noël sur la place de la Mangeoire attenante, mais comme l'an dernier, la municipalité de Bethléem, par pudeur et respect, a décidé de célébrer sans faste.
Hisham Makhoul et sa compagne ont tout de même tenu à venir pour l'occasion dans la ville de Cisjordanie occupée, située à une dizaine de kilomètres de Jérusalem, de l'autre côté du mur de séparation érigé par Israël.
"Même si cette année est très différente des autres, cela représente beaucoup pour nous d'être ici, de voir les enfants sourire et les familles chrétiennes célébrer", témoigne-t-il au pied d'une statue de Jérôme de Stridon, le traducteur de la bible.
"Ce que l'on traverse est très difficile et on ne peut pas en faire complètement abstraction", ajoute cet Arabe israélien. "Mais c'est un échappatoire, en quelque sorte. Pour quelques jours ou une semaine, pas plus."
- "De la vie" -
Dans la lourdeur du contexte actuel, les chrétiens de Terre sainte -- environ 185.000 en Israël et 47.000 dans les territoires palestiniens -- trouvent un refuge dans la prière.
"Nous allons prier et demander à Dieu de mettre fin à nos souffrances, d'apporter à cette région du monde la paix qu'elle attend, la paix que Jésus a apportée au monde", souligne le maire de Bethléem Anton Salman.
Tout juste rentré de Gaza, où il a donné une messe dimanche avant de présider celle de minuit mardi à Bethléem, le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa partage un même message d'espoir.
"J'ai vu à Gaza tout ce qui a été détruit, la pauvreté, le désastre. Mais j'ai aussi vu de la vie, ils n'abandonnent pas. Vous ne devez donc pas abandonner non plus. Jamais", lance-t-il dans un discours au pied d'un bâtiment municipal au nom plus que jamais de circonstance, le Bethlehem Peace Center.
"Nous appartenons à la lumière, pas aux ténèbres", poursuit le patriarche à côté d'un drapeau palestinien. "L'année prochaine, nous voulons voir le plus grand arbre de Noël jamais réalisé."
Alors qu'un espoir de cessez-le-feu à Gaza grandit depuis quelques jours, les habitants de Béthleem espèrent le retour des touristes en 2025.
Christiana von der Tann est elle venue dès cette année de Francfort avec son mari pour passer les fêtes avec leur fille, correspondante de presse dans la région, et n'a pas pu complètement échapper au conflit.
"Il y a eu une attaque de roquette la nuit dernière à Tel-Aviv (ville israélienne au nord de la bande de Gaza)", raconte la touriste allemande. "On a dû aller se mettre à l'abri. C'est une expérience particulière. Vous ne pouvez pas oublier que vous êtes dans un pays en guerre."
(A.Johnson--TAG)