Gifle sur son épouse: Quatennens au tribunal pour un plaider-coupable
L'ex-numéro deux de La France insoumise, Adrien Quatennens, est arrivé mardi au tribunal de Lille pour comparaître dans une procédure de "plaider-coupable" après avoir reconnu une gifle contre son épouse et des SMS répétés, épilogue judiciaire d'une affaire qui l'a mis au ban de la politique.
Nicolas Heyn, responsable de la presse pour La France Insoumise à Lille, a confirmé que le député était entré dans le tribunal aux alentours de 8H30.
Mais il a évité les journalistes massés devant l'entrée principale, ainsi que les quatre militantes du collectif féministe #NousToutes, brassard violet au bras, présentes à l'extérieur pour réclamer sa démission.
Une dizaine d'élus et militants LFI s'étaient également rassemblés dans un froid glacial afin de soutenir l'élu LFI.
"On ne peut pas le comparer à des gens qui tabassent leur femme, qui mettent du GHB dans des verres", a déclaré à l'AFP le maire LFI de Faches-Thumesnil, Patrick Proisy.
"Nous, on espère qu'il revienne. On ne peut pas se passer d'un orateur comme Adrien Quatennens dans le combat qui se prépare sur les retraites", a-t-il ajouté.
Jugé en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC ou "plaider-coupable"), l'élu du Nord pourrait être condamné à "une amende", voire "un stage de sensibilisation" aux violences conjugales, affirme son entourage.
- "Violences physiques" -
Selon son avocate, Me Jade Dousselin, il est jugé pour deux faits, qu'il reconnaît: une gifle à son épouse "il y a plus d'un an" dans un contexte "d'agressivité mutuelle", ainsi que des SMS envoyés après la séparation du couple et "dont l'absence de caractère malveillant" a "été reconnue".
M. Quatennens doit se voir proposer une peine par la procureure de la République de Lille. S'il l'accepte, celle-ci devra être homologuée par un juge lors d'une audience publique prévue à 10H00.
Ce juge garde la possibilité de rejeter la peine prévue, ce qui entraînerait dès lors le renvoi du député devant un tribunal correctionnel.
Engagé dans une procédure de divorce conflictuelle, M. Quatennens "est déterminé à exposer sa vérité et à ce que ça prenne fin", assure son entourage.
Le député n'a pas pris la parole depuis la révélation de l'affaire mi-septembre dans le Canard enchaîné, en dehors d'un long communiqué sur Twitter pour annoncer son retrait du poste de coordinateur LFI.
Son épouse Céline, qui a porté plainte en septembre après avoir d'abord déposé deux mains courantes, a dénoncé deux mois plus tard dans un communiqué à l'AFP des "violences physiques et psychologiques" exercées depuis "plusieurs années" par son mari, évoquant "ses colères" et "ses crises".
- Il "compte revenir" -
Jean-Luc Mélenchon, qui avait dans un premier temps affiché son soutien à son poulain, provoquant l'ire des militants féministes et une crise chez LFI, ne s'est pas exprimé depuis ces nouvelles accusations.
Des alliés socialistes et écologistes de LFI ont eux appelé à la démission du député.
Une fois la peine prononcée se posera la question du retour ou non de M. Quatennens dans l'hémicycle, ainsi que de sa place au sein du groupe parlementaire. Il reste pour l'instant exclu des activités de son groupe.
"Le sujet sur lequel nous réfléchissons, c'est quelles sont les conditions, quelles sont les modalités d'un éventuel retour", a déclaré lundi sur France Inter le député LFI des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard, qui doit bientôt prendre la tête de la nouvelle coordination de LFI, rôle qu'il assumait de fait depuis le retrait d'Adrien Quatennens.
"Personne" au sein du groupe parlementaire ne considère qu'un "retour est impossible", a-t-il assuré, au moment où son parti est plongé dans des querelles internes sur sa direction.
La députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain insiste pour sa part sur la nécessité de "prendre au sérieux la parole de Céline Quatennens", mais aussi de "se soucier de la réhabilitation d'Adrien Quatennens, sujet souvent éludé".
L'intéressé, lui, "compte revenir", mais il se pliera aux "conditions soumises par le groupe", affirme son entourage.
(S.G.Stein--BBZ)